Au programme : l’abus de pouvoir d’une cheffe d’orchestre au sommet de son art avec Tár de Todd Field (nommé aux Oscars dans la catégorie « meilleur film ») et la quête d’origine d’une jeune femme adoptée avec Retour à Séoul de Davy Chou.
Tár, de Todd Field
Bien sûr, le dernier film de Todd Field, cinéaste discret (trois films en vingt ans), est long (2 h 38) et dense. Mais sa mise en scène au cordeau et la performance de Cate Blanchett, proprement fascinante dans le rôle-titre (nommée aux Oscars dans la catégorie « meilleure actrice »), devraient lever vos réticences. Son sujet aussi, qui nous propulse dans la vie (fictive) d’une cheffe d’orchestre puissante, au sommet de son art. Consumée par ses zones d’ombre, elle va pourtant voir sa vie se désagréger en l’espace de quelques mois. Plus dure sera la chute, en somme… Monté à la façon d’un thriller, surtout dans sa seconde partie, Tár livre une réflexion assez cinglante sur les mécanismes (et la tyrannie) du pouvoir, fustigeant aussi bien le patriarcat (indécrottablement misogyne) que la « culture woke », mais encore l’orgueil démesuré de son héroïne. Ce faux biopic passionne donc autant qu’il dérange.
Tár, de Todd Field. En salles.
Retour à Séoul, de Davy Chou
Six ans après le très séduisant Diamond Island, le jeune réalisateur franco-cambodgien Davy Chou nous embarque de nouveau dans un périple saisissant. Cette fois en Corée du Sud, aux côtés de Freddie, 25 ans, qui retourne pour la première fois dans son pays natal (elle a été adoptée tout bébé par des Français). Si cette quête des origines n’en finit pas de nous hanter, c’est bien sûr parce qu’elle passe par des retrouvailles (très) contrastées avec les géniteurs de la jeune femme, mais aussi parcequ’elle est portée par une héroïne et surtout une actrice assez uniques. De fait, Park Ji-min, dont c’est le premier rôle au cinéma, affirme d’emblée une présence, une intensité, et même une autorité sidérantes. Ses regards durs, ses silences butés ou sa fougue excentrique racontent autant sa colère que sa vulnérabilité. Bref, ce Retour à Séoul donne à voir un départ fulgurant.
Retour à Séoul, de Davy Chou. En salles