Élève de Fragonard, cette fille de parfumeur prend vite son envol pour devenir une artiste reconnue et faire fructifier sa fortune. Visionnaire, elle a traversé les époques, de Louis XVI à Louis Philippe, adaptant, constamment son art au goût de ses contemporains. Même – et, surtout – quand ce goût est au libertinage.
Marguerite Gérard naît le 28 janvier 1761 dans la ville du parfum, Grasse. La mode est au jasmin, à la rose et à la sombre tubéreuse dont les fragrances voluptueuses s’immiscent dans les boudoirs de toute l’aristocratie. Son père, Claude Gérard, est marchand parfumeur. Mais l’enfance de Marguerite ne va pas s’imprégner longtemps des odeurs de musc… Elle n’a que 3 ans lorsque Claude abandonne mystérieusement famille et statut social, pour partir en Afrique s’enrôler comme simple soldat.
À bien des égards, ce départ marquera le parcours de la jeune femme. Sa mère, Marie Gilette, envoie tour à tour ses sept enfants à Paris, chez un grand-oncle fortuné. Les frères aînés de Margot brûleront vite la chandelle par les deux bouts et, comme leur père, fragilisent la position des sœurs. Marguerite rencontre bientôt l’époux de son aînée, la miniaturiste Marie-Anne. Il s’agit de Jean-Honoré Fragonard, Frago, pour les intimes. Il est déjà célèbre, travaille pour la Cour et bénéficie d’un atelier au Louvre. Marguerite entre en apprentissage chez lui. L’élève est très douée ![…]