Un héros pris au piège des injonctions et des mirages de la mode, un roman graphique “thérapeutique” sur les questions d’identité, deux récits côtés pile et face en mode onirique : voici nos trois recos BD de mars.
Monstera
C’est l’histoire d’un engrenage, dans lequel se retrouve coincée l’existence de Gabriel. Soit un jeune Parisien qui, de maraude auprès des sans-abris aux marches pour le climat dont il ne rate pratiquement aucune édition, se construit contre un système capitaliste qu’il rejette. Mais les fins de mois sont difficiles et le ventre se met parfois à gargouiller. Lui qui n’avait qu’une confiance très modérée en ses capacités, se fait soudain repérer par une agence de mannequins et se voit proposer quelques shootings. Un complément bienvenu, quitte à mettre sous le tapis les quelques contradictions qui ne manqueront pas de surgir. Mais Gabriel va vite se retrouver pris au piège de l’univers de la mode, de ses injonctions et des mirages qu’il construit. “Le corps ne doit pas influer sur le vêtement” : voilà son nouveau mantra. Au-delà de son régime strict, c’est toute sa personnalité qui s’efface progressivement, le rendant aveugle au mal-être de sa copine, qui s’enfonce dans l’anorexie. Après le court album humoristique Hors Cadre, publié l’année dernière chez Vraoum, changement de ton pour Simon Roure qui signe ici son premier récit “long”.
Son trait fin saisit avec justesse ces corps malmenés, dans une bichromie bleu et blanc qui apporte une certaine fragilité, comme si chaque moment pouvait disparaître subitement. Il joue sur la représentation des corps, sur l’image que les personnages se renvoient à eux-mêmes et montre comment tout leur échappe au fur et à[…]