Avec Dans la cage, essai ambitieux et dérangeant, Océan explore les recoins pas toujours reluisants de nos imaginaires érotiques. Pour mieux les politiser.
Décidément, la collection Fauteuse de trouble, dirigée par Vanessa Springora, aux éditions Julliard, fait ses preuves. Après La chair est triste hélas, réjouissant essai d’Ovidie sur sa grève du sexe hétéro, c’est au tour d’Océan, scénariste, acteur, réalisateur et insatiable penseur des questions féministes et trans, de se lancer. Avec Dans la cage, il livre une “autobiographie socio-pornographique”, ultra audacieuse et courageuse dans laquelle il questionne nos fantasmes. Ou plutôt ses fantasmes pour tenter de comprendre les relations complexes que nous entretenons entre imaginaire érotique et réalité des violences patriarcales. En clair, pourquoi alors qu’on lutte inlassablement contre les violences sexistes et sexuelles, celles-ci survivent voire s’invitent dans nos fantasmes. Pourquoi la domination parasite-t-elle nos imaginaires érotiques alors qu’on la combat farouchement au quotidien ? Et pourquoi les porno safes ne nous excitent pas alors que les horribles plateformes mainstream peuvent parfois s’avérer fort efficaces ? Interview.
Causette : Au départ de ce livre, il y a un trauma originel, qui vient parasiter votre imaginaire érotique, malgré vous. De quoi s’agit-il ?
Océan : Je m’interrogeais depuis longtemps sur la question des fantasmes sexuels : y a‑t-il des “fantasmes d’hommes” si différents de ceux des femmes, comme on a tendance à le penser ? À titre personnel, j’ai découvert à l’âge adulte que mes fantasmes (convoquant généralement des abus sexuels) étaient à l’opposé de mes désirs réels et de mes pratiques, fondés sur le consentement et le plaisir partagé, et[…]