Dystopie, thriller, familial et même… préhistorique : quatre variations de polars aux préoccupations féministes.
Obsolète, de Sophie Loubière
En 2019, Yann Moix avait claironné ça : “Un corps de femme de 25 ans, c’est extraordinaire. Le corps d’une femme de 50 ans n’est pas extraordinaire du tout.” Dans l’esprit de Sophie Loubière, cette phrase a été l’élément déclencheur de son douzième roman : Obsolète. C’est d’abord une dystopie, qui nous envoie en 2224. Après deux siècles de tempêtes, l’humanité a admis la sobriété : fini l’hyperconsommation, on ne pille plus la planète, l’autosuffisance est la règle. Mais cette sobriété a formé une société policée, surveillée. Surtout pour les femmes : dès la naissance, on leur greffe un “Bracelet modérateur d’humeur”, qui régule envies et hormones. Et dès leurs 50 ans, on les envoie au “Grand recyclage” : forcées de quitter leur famille, pour laisser la place à une nouvelle épouse, plus jeune, qui donnera d’autres enfants au monsieur. Elles sont alors reprogrammées. Mais dans le nord de la France, un recyclage a déraillé, jusqu’à provoquer un triple meurtre qu’il va falloir dissimuler. C’est parti pour une fiction qui mêle polar et dystopie, ruses et colères. Une mise à feu des régimes de servitude volontaire et un pavé contre les idées à ne pas recycler.
Obsolète, de Sophie Loubière. Belfond/Romans noirs, 528 pages, 21 euros.
Les Doigts coupés, d’Hannelore Cayre
“Un nouveau jalon dans l’histoire de[…]