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Lo Dy dans le clip du titre Innocente © Laluciolephoto / Kevin Martinez

Lo Dy débarque dans le rap avec le puis­sant “Innocente”, un hymne fémi­niste dénon­çant les agres­sions sexuelles

A 31 ans, la Montpellieraine Lo Dy vient de sor­tir le clip d’Innocente, un titre dans lequel elle dégomme les hommes qui agressent les femmes et invite ces der­nières à libé­rer leur parole.

C’est un pre­mier mor­ceau, et il per­cute les oreilles : « J’m’adresse aux agres­seurs miso­gynes ano­nymes salis­seurs de la gente mas­cu­line /​Y a pas de pré­texte qui jus­ti­fie son geste /​Jusqu’où peut-​il aller par manque de sexe ? /​Ni ta manière de dan­ser ni les sapes que tu por­tais ne peuvent l’autoriser à tou­cher ton inti­mi­té ». Avec Innocente, por­té par un flow habile, la rap­peuse Lo Dy fait une entrée fra­cas­sante dans la musique en s’attaquant aux vio­lences sexuelles.

La jeune femme de 31 ans, qui vit à Montpellier et tra­vaille auprès de per­sonnes en situa­tion de han­di­cap, est pas­sion­née depuis son enfance par le rap, qu’elle écou­tait « comme un refuge, de façon assez soli­taire », se rappelle-​t-​elle, inter­ro­gée par Causette. Depuis six ans, elle écrit des textes et, pous­sée par une amie, décide en novembre de se lan­cer. Après avoir muri le pro­jet et béné­fi­cié en avril d’une for­ma­tion sur l’autoproduction musi­cale, elle choi­sit de sor­tir Innocente par­mi ses textes comme pour répondre à un besoin de bou­cler la boucle d’un épi­sode de sa vie : il y a un an, elle a été vic­time d’une agres­sion sexuelle de la part de l’ami d’un ami et prend alors la mesure du poids que c’est pour les victimes. 

« Je me suis vite décul­pa­bi­li­sée de ce qui s’est pas­sé, mais mal­gré cela, j’éprouvais du dégoût et de la peur, jusqu’à être inca­pable de revoir par exemple des pho­tos de la soi­rée où l’agression s’est pro­duite, raconte Lo Dy. Je n’ai pas sou­hai­té por­ter plainte mais la répa­ra­tion est venue par ma parole et l’écoute de mon entou­rage, qui m’a sou­te­nue et qui a même par­lé à l’agresseur pour le mettre face à son com­por­te­ment. Cela a abou­ti à ce qu’il m’écrive une lettre, dans laquelle il me pré­sente ses excuses. Cette prise de conscience col­lec­tive m’a aidée à sur­mon­ter tout cela. » On com­prend alors pour­quoi Lo Dy, qui porte dans son clip un maquillage qui pré­serve son iden­ti­té autant qu’il la pare d’une aura guer­rière, scande : « Donc parle. Pour rompre le cycle du silence parle aux autres de sa mal­veillance parle /​Tu cotoie­ras la déli­vrance, plus tu parles, plus tu réduis ses chances d’agresser d’autres innocentes. »

Si Innocente est donc un titre qui célèbre à la fois la libé­ra­tion de la parole et la libé­ra­tion par la parole, il sus­cite le res­pect de rap­peurs plus expé­ri­men­tés lorsque Lo Dy le chante dans des open-​mic de la scène mont­pel­lie­raine. « Deux gars m’ont dit l’autre fois “oh meuf tu les as tous mis à l’amende”», sou­rit l’artiste. Ce pre­mier titre qui devrait être sui­vi d’autres et, elle l’espère, d’un album, appuie aus­si sa street-​cred : « Je l’ai chan­té devant deux jeunes filles qui se moquaient un peu de mes pré­ten­tions à faire du rap, elles ont été bluf­fées, et sur­tout, ça a per­mis d’ouvrir une chouette dis­cus­sion sur les agres­sions sexuelles, parce que c’est un sujet peu fré­quent dans la musique. » D’où l’importance, à la fin du clip, de la men­tion du 3919, la ligne d’écoute natio­nale pour les vic­times de vio­lences sexistes, sexuelles et conju­gales, gérée par la fédé­ra­tion Solidarité femmes.

Lire aus­si l Violences conju­gales : le 3919 est désor­mais joi­gnable 24h/​24, week-​end compris

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