2022 sera une année éminemment politique. Et si, avant la présidentielle, la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles dans le milieu était entendue ? C’est le pari du podcast Y a pas mort d’homme, co-réalisé chez Binge par la journaliste Hélène Goutany et la collaboratrice d’élu·es Fiona Texeire, à l’origine du mouvement #MeTooPolitique.
« Il faut écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes de la vie politique. » C’est ce que réclament 285 femmes du milieu politique et universitaire, le 15 novembre, en signant une tribune dans Le Monde. Elles exigent que l’impunité au sein du Parlement, des mairies, ou encore des conseils départementaux et régionaux, prenne fin. Une demande qui crispe tellement que le site metoopolitique.fr a été piraté dans l’après-midi du lundi 15 novembre. De nouveau accessible depuis le 16 novembre 12h, ce site est à la fois « un espace de recueil de témoignages, de mise à disposition de ressources juridiques et psychologiques et un espace d’engagement pour les élu·es », explique Fiona Texeire. Porteuse de ce type de projets depuis deux ans déjà, cette collaboratrice d’élu·es est à l’initiative du mouvement #MeTooPolitique, aux côtés de Mathilde Viot (confondatrice de Chair collaboratice), Madeline Da Silva (maire adjointe de Lilas), Alice Coffin (conseillère de Paris) et Hélène Goutany (journaliste). Avec cette dernière, elle mène en parallèle un projet de podcast dont le premier épisode a été diffusé en octobre dernier : Y a pas mort d’homme.
Remarques sexistes, commentaires déplacés, agressions sexuelles… Dans les huit épisodes de ce podcast, les rapports de force entre politiciens et politiciennes sont décryptés minutieusement. A travers un regard actuel, cette nouvelle série de Programme B, le podcast d’actualité présenté par Thomas Rozec, analyse les agissements passés ou récents d’hommes politiques afin de « comprendre les mécanismes des violences sexistes et sexuelles qui traversent la classe politique française ».
Edith Cresson, invitée de l’épisode 1
En 2016, un an avant #MeToo, éclatait l’affaire Baupin. Depuis, la cocotte-minute est sous pression, et aujourd’hui, le #MeTooPolitique se fait largement entendre. L’épisode 2 de ce podcast, qui sera diffusé le 19 novembre, dévoilera le récit poignant d’une chargée de mission en cabinet ministériel, victime d’agression sexuelle par un Préfet. Ces comportements seront analysés par Mathilde Viot, l’une des cinq initiatrices du mouvement.
Mais le sexisme et la misogynie en politique ne datent pas d’hier. Dans le premier épisode du podcast, disponible depuis le 29 octobre sur toutes les plateformes d’écoute, Édith Cresson, seule et unique Première ministre en France (moins d’un an d’exercice du pouvoir entre 1991 et 1992), fait part du sexisme ambiant, enraciné dans le monde politique. Elle raconte sa première réunion avec le syndicat des agriculteur·rices, dont le comité d’accueil l’attendait avec la banderole « Édith, on t’espère meilleure au lit qu’au ministère ». La Première ministre qui n’a pas sa langue dans sa poche leur répond en retour : « Ça tombe bien que je sois ministre de l’agriculture parce que comme j’ai affaire à des porcs je vais pouvoir m’occuper de vous ». Avec son franc parlé, ses anecdotes glaçantes et ses souvenirs intacts, Édith Cresson donne rapidement le ton pour la suite du programme.
Entre récits de témoins, de victimes mais aussi d’expertes, Y a pas mort d’homme, réalisé par Élisa Grenet et produit par Lorraine Besse, propose de découvrir le revers de la médaille politique, dans un espace bienveillant où les langues se délient. Jusqu’en juin, une fois par mois, vous entendrez parler de sororité, d’enjeux médiatiques, de justice… Autant d’angles différents qui permettent d’aborder le sujet du sexisme envers les politiciennes. Brûlant d’actualité puisque la campagne malheureuse de Sandrine Rousseau à la primaire EELV prouve qu’en 2021, lorsqu’une femme défend ses opinions, elle est encore susceptible de se faire traiter « d’hystérique ».
Retrouvez ici le premier épisode de Y a pas mort d’homme.