Cette virée est aussi une très belle balade dans la forêt des interrogations foisonnantes de notre époque.
Dans leur dossier de présentation, elles ont inscrit cette délicieuse citation de l’actrice Mae West : « Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent. »
Ça en dit long sur la malice des trois comédiennes, et c’est également un excellent pitch pour leur spectacle Laissez-moi danser, récit du road trip de trois copines, au bout duquel en effet, ces filles pas trop sages iront bien là où elles veulent. Et nous avec.
Au départ de l’excursion voici Alice (Aude Roman, co-autrice de la pièce), candide écolo et amoureuse déçue, Jeanne (Julie Berducq-Bousquet), qui tourne le dos à son passé libertin-libertaire pour se marier et enfin Dalida (Delphine Lacouque, également co-autrice), prof brillante tombée in love d’un de ses jeunes élèves.
On s’en doute, le périple et ses péripéties se doubleront d’un voyage tout intérieur pour chacune des quarantenaires.
Cette virée est aussi une très belle balade dans la forêt des interrogations foisonnantes de notre époque. Habilement, la pièce mêle les problématiques les plus intimes aux questionnements philosophiques, effeuille les sujets du couple, du sexe et de l’amitié, explore les problématiques de l’écologie et de la politique, place ses personnages sur les cimes d’interrogations métaphysiques que toutes et tous, nous devons parfois affronter. Et le tout avec humour, s’il vous plait.
Le cœur de ces interrogations reste tout de même … le cœur précisément. L’amour, la sororité, tous les liens qui nous unissent sont l’occasion de dialogues savoureux, qui tombent juste et font passer le public du rire franc au moment d’émotion. On se dit qu’on relirait bien le texte pour le ruminer à loisir. Mais il nous manquerait alors la fougue des trois comédiennes, dont l’énergie est époustouflante. Il en faut pour passer du murmure ému au chant à gorge déployé (ah oui, avec titre, vous vous doutez bien …) avec justesse et timing au petit poil, comme dans les meilleures comédies.
La fin du voyage nous cueille groggy, sourire aux lèvres, cherchant instinctivement nos valises pour quitter la salle, avec l’impression qu’on a fait ensemble un bon bout de chemin.
Laissez-moi danser, de Aude Roman et Delphine Lacouque, mise en scène de Tadrina Hocking. A partir du 15 janvier tous les samedis à 17H30 à La Nouvelle Seine, Péniche sur berges, face au 3 Quai de Montebello, 75005 Paris.