Nemo Mettler, artiste non binaire suisse, est accueilli en héros à Zurich après sa victoire à l’Eurovision avec “The Code”, une chanson emblématique pour la diversité et l’inclusion.
À son arrivée à Zurich, Nemo, artiste non binaire vainqueur de l’Eurovision, a été accueilli par des fans : “Félicitations +honey pie+ (surnom affectueux en anglais)”, s’est exclamé un admirateur, en lui tendant un bouquet de fleurs, à son arrivée à l’aéroport. D’autres brandissaient des drapeaux arborant en anglais le message : “Nous existons, nous insistons, nous persistons”, en référence à la lutte des personnes non binaires pour la reconnaissance de leur identité. Une autre banderole clamait “Femme, homme, humain” en allemand.
Nemo Mettler, qui demande à être désigné par des pronoms non genrés, a remporté la compétition avec “The Code”, un titre hautement personnel racontant son cheminement vers la réalisation de son identité de genre. La Suisse a devancé la Croatie, l’Ukraine, la France – menée par le chanteur Slimane – et Israël, représenté par Eden Golan. L’Union européenne de radiotélévision, qui organise l’événement, a estimé que plus de 160 millions de personnes avaient regardé le concours cette année, diffusé en direct dans les trente-sept pays participant à la finale et sur YouTube.
Cette compétition apparaît régulièrement comme une vitrine pour la communauté LGBTQ+. La drag queen à barbe autrichienne Conchita Wurst, qui a remporté l’édition 2014, ou le candidat français Bilal Hassani en 2019 sont entrés dans ses annales. Des fans massé·es derrière des barrières avaient attendu Nemo patiemment en reprenant sa chanson. Les applaudissements ont commencé à retentir à l’apparition de l’interprète, qui y a répondu par deux pouces en l’air avant de prendre des selfies et de signer des autographes. Nemo a rejoint un groupe de fans qui chantaient “Nous avons cassé les codes”, “Nous existons”, allant jusqu’à étreindre un admirateur qui portait un t‑shirt “Protégez les enfants trans”.
“Pas réel”
En conférence de presse après ce retour triomphal, Nemo a indiqué vouloir prendre du repos dans son jardin. “Je vais m’allonger et essayer de me calmer un petit peu”, a déclaré l’artiste. “On dirait que ce n’est pas réel”, “J’ai cassé les codes. J’ai cassé le trophée”, a répété Nemo, après l’avoir littéralement brisé dans un geste d’enthousiasme lorsqu’il a reçu son prix. L’accueil des fans à l’aéroport a été “extrêmement beau […] cela m’a montré à quel point c’est bon de faire partie d’une communauté”.
Nemo Mettler, qui vit actuellement à Berlin, est originaire de Bienne, ville bilingue allemand-français du nord de la Suisse, où une réception publique est prévue pour congratuler l’enfant du pays. “Ce sera certainement une grande fête dans la ville, avec le public, les fans”, a prédit le maire de Bienne, Erich Fehr, interrogé à l’aéroport par l’agence de presse suisse Keystone-ATS. “C’est dingue, c’est une incroyable histoire que Nemo de Bienne ait remporté ce titre. Le plus important concours de musique au monde. Nous sommes vraiment fiers et heureux”, a‑t-il ajouté. Le chef de la Corporation des diffuseurs suisses, Gilles Marchand, a lui aussi souligné l’“immense succès” de Nemo. Il s’agit de la troisième victoire de la Suisse au concours de l’Eurovision depuis sa création en 1956. Comme le veut la tradition, le pays sera l’hôte de la prochaine édition. “Même si la diffusion du concours de l’Eurovision est un défi majeur pour toutes les chaînes de télévision en termes de ressources et de finances, nous sommes malgré tout ravis de savoir que notre pays accueillera en 2025 cet événement très apprécié”, a poursuivi Gilles Marchand.