IMG 7801 RAJAH The Trans Awareness Miniball au Globo 20 11 21 A
Rajah, au Trans Awareness Miniball, au Globo, en 2021. © MATHIAS CASADO CASTRO

SÉRIE NOUVELLES FAMILLES : Communauté “ball­room” : la famille choisie

À Paris, la com­mu­nau­té ball­room offre à des jeunes LGBTQIA+, en majo­ri­té racisé·es, un espace de liber­té et d’expression artis­tique, construit sur le modèle des familles choisies.

Un beat élec­tro,  dan­sant et addic­tif, résonne entre les murs d’une salle du Centquatre, le centre cultu­rel et artis­tique situé dans le XIXe arron­dis­se­ment de Paris. Wolkoff, Wicked, Eryss et Kennedy observent, d’un air concen­tré, plu­sieurs membres de leur house, nom­mée Comme des gar­çons, se déme­ner sur le par­quet de danse. L’un défile, comme s’il se trou­vait sur un podium. Mais il ne fait pas assez res­sor­tir ses hanches, lui fait remar­quer Wicked, dont l’œil expert capte les moindres détails de la démarche de la recrue. « Est-​ce que tu as mal ? Si tu n’as pas mal, c’est que tu ne le fais pas bien », lui lance-​t-​il, le sou­rire aux lèvres. Le jeune homme, à la longue sil­houette fine, fera plus d’une dizaine d’allers- retours, mal­gré la cha­leur de ce début d’été. Il lui fau­dra encore quelques entraî­ne­ments pour se mou­voir à la per­fec­tion, mais nul doute qu’il fera bien­tôt des ravages pour la caté­go­rie run­way du pro­chain ball.

Le défilé d’Eryss, au Stripes Aftermath Ball,
en 2023. © MATHIAS CASADO CASTRO
Une com­mu­nau­té structurée

Bienvenue dans l’univers de la ball­room scene (« scène ball­room »), un espace de liber­té, d’expression artis­tique et poli­tique, mais aus­si un refuge où les oppres­sions dis­pa­raissent pour les membres de la com­mu­nau­té LGBTQIA+. Nés à New York, à la fin des années 1960, les balls sont des soi­rées fes­tives, ryth­mées par une com­pé­ti­tion achar­née, où des per­sonnes queer, en majo­ri­té afro-​américaines et lati­nas, s’affrontent dans des caté­go­ries liées à l’apparence, la mode ou la danse, contre tro­phées et rému­né­ra­tion. Chaque participant·e appar­tient à une house (« mai­son »), une com­mu­nau­té struc­tu­rée comme une famille tra­di­tion­nelle, avec une mother (« mère »), un father (« père ») et des chil­dren ou kids (« enfants »).

Ces figures qui endossent le rôle de parents sont des légendes res­pec­tées de la com­mu­nau­té, capables de trans­mettre leurs connais­sances sur le milieu. Au sein de ces familles choi­sies, fathers et mothers prennent soin des plus jeunes, leur livrent des conseils et vont même, dans les débuts de la créa­tion de ces com­mu­nau­tés, jusqu’à loger celles et ceux qui ont été mis·es à la porte de leur foyer. Aujourd’hui, les membres d’une même house n’habitent pas for­cé­ment ensemble, mais ils se retrouvent pour s’entraîner, man­ger, aller au ciné­ma, fêter leur anniversaire…

Un espace de liber­té, d’expression artis­tique et poli­tique, mais aus­si un refuge où les oppres­sions dis­pa­raissent pour les membres de la com­mu­nau­té LGBTQIA+

Dans les années 1990, le milieu, alors under­ground, béné­fi­cie d’un coup de pro­jec­teur sans pré­cé­dent. D’abord avec la sor­tie du tube Vogue de Madonna, qui met en avant le voguing, ce style de danse typique des balls, et ensuite avec celle du docu­men­taire Paris is Burning, de Jennie Livingston, une virée inti­miste au sein de ces com­pé­ti­tions flamboyantes.

Wicked, à l’Olympics Ball, en 2019.
© MATHIAS CASADO CASTRO
Retrouver une famille

Surfant sur la vague du[…]

Vous êtes arrivé.e à la fin de la page, c’est que Causette vous passionne !

Aidez nous à accom­pa­gner les com­bats qui vous animent, en fai­sant un don pour que nous conti­nuions une presse libre et indépendante.

Faites un don

La suite est réservée aux abonné·es.

identifiez-vous pour lire le contenu

ou

abonnez-vous

 

Partager
Articles liés