Alors que notre journaliste vient de fêter ses 30 ans, il s’interroge sur les injonctions directes et indirectes au couple qui s’intensifient au moment du passage à la trentaine. La révolution féministe a‑t-elle fait évoluer les trentenaires sur le sujet ? Pas sûr…
“On te voit”, m’écrit il y a quelques jours par texto mon ami Jérémy. Son message est accompagné d’une capture d’écran. Sur Instagram, ce fin limier s’est rendu compte que je venais tout juste de suivre le compte d’une de ses connaissances, rencontrée lors d’un festival. Coup de cœur immédiat. Je décide de mettre les pieds dans le plat : “J’imagine qu’il n’est pas gay ?” Mon instinct m’a trompé plus d’une fois. C’est évidemment la douche froide. “Non désolé, 100 % hétéro apparemment”, me répond-il. Après quelques blagues, je lui demande mi-amusé, mi-désespéré, s’il croit que je vais finir ma vie seul. “Mais non ! Tu adopteras bien un animal un jour”, me taquine-t-il.
Vais-je finir ma vie seul ? Cette question, je ne me la posais pas vraiment il y a dix, cinq ou deux ans. J’avançais tout simplement dans mon quotidien, enchaînant les rendez-vous amoureux, sans qu’ils soient forcément concluants. Si je ressentais parfois des moments de tristesse ou de déception, j’acceptais globalement bien mon célibat, revendiquant même de temps en temps la liberté dont je jouissais. Mais l’année précédant mes 30 ans, que j’ai récemment fêtés, a charrié avec elle son lot de doutes et d’interrogations. Autour de moi, la quasi-totalité de mes ami·es sont en couple. Les rares célibataires de mon entourage ont été récemment quitté·es ou ont quitté leur compagnon ou compagne, après des années de relation, et retrouvent parfois quelqu’un·e à la vitesse de la lumière. Le passage à la trentaine marque aussi la célébration des premiers mariages et des premières naissances. Autant d’heureux événements qui me ramènent à ma condition de célibataire endurci, et me mettent inconsciemment la pression.[…]