Qui a dit que les mariages arrangés appartenaient au passé ? Dans la communauté juive traditionnelle française, des centaines de couples sont formés chaque année, par l’entremise d’une marieuse ou d’une personne intermédiaire.
« On sait où on va, on sait ce qu’on veut. C’est l’avantage du chiddoukh [rendez-vous arrangé, ndlr], avance Dvora, 38 ans, hypnothérapeute lyonnaise. La première fois que j’ai rencontré Mendy, je suis allée droit au but : “Comment tu veux éduquer tes enfants ? Dans quelle école ?” On ne ferait peut-être pas ça dans un autre contexte, mais là, on ne tourne pas autour du pot. »
Ce déroulé, c’est celui d’un chiddoukh, une rencontre arrangée entre deux personnes par un·e proche, dans le but qu’ils et elles se marient et forment un foyer. Une pratique qu’on retrouve dans les milieux orthodoxes et ultraorthodoxes, de France et d’ailleurs, et qui trouve son explication dans les commandements de la Torah, parmi lesquels celui de fonder une famille.
En moyenne, un mariage un mois et demi après le premier rencard
Quand Dvora a rencontré Mendy, c’était l’un de ses premiers rencards. Elle était alors âgée de 22 ans à peine. « J’étais diplômée, j’avais envie de me poser, d’avoir mes gosses… J’avais assez de maturité. » C’est quand vient la vingtaine que les proches commencent à s’activer en coulisses pour faire jouer leurs connaissances. Pour ces jeunes gens, c’est apparemment l’âge de répondre aux injonctions au couple et à la famille. Une ancienne professeure de Dvora lui avait ainsi recommandé un premier garçon, puis une camarade de classe un second. La jeune femme se laisse convaincre et se rend alors à un rendez-vous galant arrangé par un tiers. Objectif : trouver l’amour de sa vie. Le premier et – si Dieu veut – le dernier.
« On a parlé pendant cinq heures, se souvient Dvora. On nous avait fixé le lieu et l’heure. Je n’avais[…]