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Témoignages : “La bisexua­li­té demeure une flui­di­té sus­pecte aux yeux de beaucoup”

À l’occasion de la Journée mon­diale de lutte contre les LGBTphobies, Causette a recueilli les témoi­gnages de quatre per­sonnes bisexuelles, trois femmes et un homme, à des stades dif­fé­rents de leur accep­ta­tion, pour mettre en lumière les embûches semées sur leur par­cours, mais aus­si les moments plus joyeux d’affirmation de cette orien­ta­tion sexuelle, encore vic­time d’incompréhensions.

“Dans notre socié­té, on consi­dère soit que l’on est hété­ro, soit gay ou les­bienne. Cela ne tra­verse pas l’esprit des gens que l’on puisse être ni l’un ni l’autre.” En cette Journée mon­diale de lutte contre les LGBTphobies, Charlie et Lou, du col­lec­tif Bi Pan Paris, sou­lignent auprès de Causette à quel point la bisexua­li­té reste, encore aujourd’hui, une orien­ta­tion sexuelle invi­si­bi­li­sée. “On emploie le mot ‘mono­sexisme’ pour décrire cette situa­tion. Il s’agit de pen­ser comme la norme le fait d’être sexuel­le­ment atti­ré par un seul genre”, précisent-​elles. Avant d’indiquer que cette invi­si­bi­li­sa­tion existe éga­le­ment au sein de la com­mu­nau­té LGBTQIA+ : “On a par­fois l’impression d’être des invi­tées, de squat­ter le cana­pé d’un ou d’une amie.”

Des col­lec­tifs comme le leur se déve­loppent dans plu­sieurs villes fran­çaises, dans l’idée de se ras­sem­bler, de par­ta­ger des expé­riences com­munes et de sor­tir de l’isolement les bisexuel·les. Cela peut être à l’occasion de s’ouvrir sur les actes de bipho­bie ren­con­trés et les sté­réo­types qui leur collent à la peau : la bisexua­li­té vue comme une phrase tran­si­toire, la féti­chi­sa­tion des femmes bi par les hommes hété­ros, les accu­sa­tions de faire le jeu du patriar­cat par les les­biennes… Mais les ren­contres et dis­cus­sions donnent aus­si nais­sance à un sen­ti­ment d’empouvoirement et à ce que Charlie et Lou qua­li­fient de “bipho­rie”. “On se sent moins seules devant ce que l’on subit au quo­ti­dien”, résument-​elles.

Causette a recueilli les témoi­gnages de quatre per­sonnes bisexuelles, trois femmes et un homme, à des stades dif­fé­rents de leur accep­ta­tion, pour mettre en lumière les embuches semées sur leur par­cours, mais aus­si les moments plus joyeux d’affirmation de cette orien­ta­tion sexuelle, encore vic­time d’incompréhensions.

Juliette, 30 ans

“Je me rends compte, il y a trois ans, que j’ai déve­lop­pé un crush dévo­rant pour une cama­rade de pro­mo­tion. À l’époque, je suis en couple avec un homme bisexuel. Avant lui, je n’ai rela­tion­né qu’avec des hommes cis hété­ros. Je mets plu­sieurs mois à recon­naître mon atti­rance pour cette femme. Je me sens, en effet, extrê­me­ment cou­pable et mal, tant parce que nous sommes dans une rela­tion de couple exclu­sive avec mon copain que parce je res­sens du désir et de l’amour pour une femme pour la pre­mière fois de mon exis­tence. Du moins, la pre­mière fois consciemment.

Le fait que mon com­pa­gnon soit bi m’aide beau­coup à m’accepter. Quand je lui en ai par­lé, il a été extrê­me­ment bien­veillant, car il com­pre­nait très bien l’importance iden­ti­taire que revê­tait une telle nou­velle. Nous ne sommes plus ensemble main­te­nant, pour des rai­sons qui n’ont rien à voir avec la décou­verte de mon orien­ta­tion sexuelle. Mais avoir par­ta­gé six ans et demi de ma vie avec quelqu’un qui s’assume serei­ne­ment en tant que bisexuel a énor­mé­ment faci­li­té mon accep­ta­tion et mon coming out. Il existe très peu de repré­sen­ta­tions bisexuelles dans la com­mu­nau­té LGBTQIA+ et encore moins en dehors. J’estime qu’il s’agit d’un vrai phé­no­mène d’effacement : quand une per­sonne se met en couple avec quelqu’un du genre oppo­sé, on oublie sa bisexua­li­té et lorsqu’elle se retrouve avec quelqu’un du même genre, on la voit uni­que­ment comme gay ou les­bienne. La socié­té n’accepte que très peu de varia­tions, que ce soit dans l’expression de genre ou l’orientation sexuelle. Les gens ont plus de faci­li­tés à admettre que quelqu’un est gay plu­tôt que bi. La bisexua­li­té appa­raît comme un spectre très large, qui pré­sup­pose une flui­di­té sus­pecte aux yeux de beau­coup de gens. Cette flui­di­té donne lieu à de nom­breux pré­ju­gés biphobes : les bi seraient instables, volages, inca­pables de “choi­sir”…

Je trouve cette situa­tion très frus­trante et épui­sante. Lorsqu’on est bi, on a l’impression de devoir constam­ment se jus­ti­fier auprès de tout le monde, alors qu’on a par­fois soi-​même des ques­tion­ne­ments en cours sur notre propre orien­ta­tion. Il ne s’agit pas d’injonctions for­melles, mais d’un malaise que je res­sens autant dans un envi­ron­ne­ment hété­ro que dans un espace LGBTQIA+. En ce qui me concerne, je suis encore en train de me deman­der si je suis bi ou bien car­ré­ment les­bienne. Je pense que je penche plu­tôt du côté du les­bia­nisme poli­tique : j’ai encore de l’attirance pour cer­tains hommes, mais peu envie de m’engager dans des rela­tions amou­reuses avec eux. On pour­rait dire que ça pren­drait la forme d’une sorte de bisexua­li­té homoromantique.

Je suis très recon­nais­sante du tra­vail de cer­tains col­lec­tifs, comme Bi Pan Paris, qui créent des îlots de com­mu­nau­té pour toutes les per­sonnes qui ne se retrouvent pas dansl’hétérosexualité et veulent assu­mer leur queer­ness, mais ne sont pas plei­ne­ment accep­tées dans cer­tains espaces gay et les­biens. Beaucoup de bisexuels sont effec­ti­ve­ment vus comme des “alliés” et non pas comme appar­te­nant à la com­mu­nau­té LGBTQIA+. Je pense que comme pour tous les autres groupes mar­gi­na­li­sés, il nous appar­tient de créer nos propres espaces pour rela­tion­ner et exis­ter pai­si­ble­ment, sans avoir à se jus­ti­fier. Il faut se sai­sir de cette res­pon­sa­bi­li­té sans attendre que les autres nous acceptent plei­ne­ment. Un tra­vail assez tita­nesque et nous n’en sommes qu’au début !”

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Rémi, 35 ans

“Au départ, ça res­semble au récit d’un par­cours gay comme il en existe beau­coup. Je me rends compte de mon atti­rance pour les hommes au début du col­lège. Mon ima­gi­naire sexuel ne navigue pas vrai­ment autour de la péné­tra­tion pénis-​vagin et je découvre le plai­sir de la mas­tur­ba­tion anale. Je me sens de plus en plus en déca­lage avec le boys’ club nais­sant, je me fais exclure des groupes de gar­çons et on me traite de “PD” dans la cour de récré. Ça res­semble tel­le­ment au récit d’un par­cours gay, que je suis convain­cu de mon orien­ta­tion sexuelle : il faut dire que ces décou­vertes, ces rejets et ces ques­tion­ne­ments ont tout écra­sé sur leur pas­sage. Tout est plus fort que les sen­ti­ments amou­reux nais­sants pour des filles que je res­sens aus­si au col­lège. Certaines me plaisent. Mais les gar­çons aus­si. Dans mon ima­gi­naire, ce n’est pas nor­mal, ce n’est pas pos­sible d’aimer les deux. Il n’existe pas de repré­sen­ta­tion de la bisexua­li­té, ni dans mon entou­rage, ni dans les médias, ni dans les inter­ven­tions des asso­cia­tions en milieu sco­laire. Je n’ai pas le temps de réflé­chir à ce sujet. Et les gar­çons prennent plus de place dans ma tête. D’ailleurs, d’autres le disent pour moi, que j’aime les gar­çons. Et ils ont rai­son. Je n’arrive pas à y croire, je ne l’accepte pas, mais j’y pense tous les jours : j’aime les garçons.

Au bout de sept ans, j’en ai marre de le cacher. Je veux pou­voir révé­ler une part de mon iden­ti­té et l’exprimer. Vers 18 ans, je finis par le dire aux autres : je suis gay. Mais ce coming out consti­tue le début d’un piège qui se referme insi­dieu­se­ment sur moi pour des années à venir. Avec un nou­veau par­cours loin d’être plus évident que le pré­cé­dent. Ça com­mence donc par une phase très courte : l’illusion. L’illusion d’avoir fait le plus dur. L’illusion que je vais pou­voir vivre ma vraie vie main­te­nant que j’assume mon homo­sexua­li­té, que j’ai des expé­riences homos et un entou­rage gay. Ça y est, j’ai une iden­ti­té ! Sauf que ce n’est tou­jours pas la mienne. Mon iden­ti­té affi­chée est constam­ment confron­tée à la réelle. Je ne suis pas qu’homosexuel. Mon iden­ti­té bisexuelle me pour­suit quand j’entends mes potes gays par­ler de leur phase bi d’homo refou­lé. Quand ils dis­cutent du dégoût que le corps des femmes leur ins­pire, avec des pro­pos miso­gynes. Quand je les entends dire que les bisexuels sont volages et peu fidèles. Quand mes amis me char­rient en fai­sant réfé­rence à mon absence de désir pour les femmes. Quand j’entends une amie à la fac me dire qu’elle serait tom­bée amou­reuse de moi si j’étais hété­ro. Quand une femme me fait des avances, que je suis inca­pable d’exprimer quoi que ce soit et que je me dis qu’elle me plaît, mais que ce n’est pas possible.

Malgré l’omniprésence de cette iden­ti­té bi qui me pour­suit, j’entretiens cette illu­sion délé­tère. Pas seule­ment en me tai­sant, mais aus­si en affir­mant mon homo­sexua­li­té. Alors, le poids de mon envi­ron­ne­ment devient à nou­veau très lourd. Ma vul­né­ra­bi­li­té est gran­dis­sante et silen­cie davan­tage mon iden­ti­té. Je m’isole et m’approprie les dis­cours enten­dus autour de moi. Je dois être comme mes anciens potes gays : un homo refou­lé. Ou même un hété­ro refou­lé peut-​être, tiens, comme ces mas­cus qui évoquent des mecs “vic­times du fémi­nisme” se réfu­giant soi-​disant dans l’homosexualité. Insidieusement, à défaut de repré­sen­ta­tion bi satis­fai­sante, je finis par me détes­ter. Il est aus­si dif­fi­cile pour moi de remettre en ques­tion ma repré­sen­ta­tion des rela­tions hété­ro­sexuelles, par­fois très mal­me­née. Je m’imagine ne pas être dési­rable pour une femme comme je ne suis pas atti­ré par la péné­tra­tion pénis-vagin.

Heureusement, l’environnement change en bien. Il existe encore du bou­lot, notam­ment pour les per­sonnes bisexuelles, mais de nom­breux indi­vi­dus et de nom­breux médias de la com­mu­nau­té LGBTQIA+ par­tagent des par­cours d’une telle diver­si­té qu’ils laissent une place à chaque iden­ti­té, avec toute leur sin­gu­la­ri­té. J’ai été ins­pi­ré par toutes les femmes qui se sont éle­vées, et s’élèvent encore, contre toutes les formes de domi­na­tions mas­cu­lines, sous l’impulsion ou non de #MeToo. Dans cette dyna­mique, elles ouvrent des échanges abso­lu­ment néces­saires sur les rela­tions hété­ro­sexuelles et les repré­sen­ta­tions gen­rées sou­vent délé­tères qui les accom­pagnent encore trop sou­vent. Grâce à toutes ces per­sonnes, à mon entou­rage, à mon com­pa­gnon et au tra­vail que j’ai réa­li­sé sur moi-​même, j’affirme depuis cinq ans mon iden­ti­té d’homme bisexuel.”

Solweig1, 30 ans

“J’ai tou­jours un peu su que j’étais bisexuelle. Je com­mence à avoir des doutes autour de mes 15 ans, avec le per­son­nage de Juno Macguff, dans le film Juno, incar­né par Eliott Page [avant sa tran­si­tion, ndlr]. Puis, à 17 ans, je res­sens pour la pre­mière fois un crush pour une fille de mon lycée. Je suis en couple avec un gar­çon, je l’aime, mais je vois que j’ai cette atti­rance pour cette cama­rade. Je me demande un peu si ce n’est pas de l’admiration, si je ne veux pas lui res­sem­bler au fond. Je doute. Aujourd’hui, avec du recul, je me rends compte qu’il s’agit clai­re­ment d’un crush. Mais à l’époque, je n’arrive pas à le for­mu­ler, à mettre des mots des­sus, car je manque de repré­sen­ta­tions en rai­son de l’invisibilisation des per­sonnes bisexuelles. Je sais que la bisexua­li­té existe, mais je vois cela comme quelque chose de mal­sain, d’étrange : je suis influen­cée par des réflexions que j’ai pu entendre autour de moi. J’intériorise le fait que ce n’est pas nor­mal de ne pas choi­sir entre les hommes ou les femmes. Je m’interdis d’y penser.

Un peu plus tard, à 20 ans, j’ai un autre crush, cette fois sur une fille avec qui je suis en Erasmus à Malte. On s’embrasse un jour, on ne couche pas ensemble, mais déjà, cela me remue. En paral­lèle, je flirte aus­si avec un gar­çon, qui repré­sente un peu le choix de la sécu­ri­té. Je me mets en couple avec lui. Mais cette his­toire avec la fille me cham­boule tel­le­ment que je me dis que ce n’est pas rien, qu’il y a anguille sous roche. Je com­mence à faire un che­mi­ne­ment inté­rieur, à me dire que je suis sûre­ment bisexuelle. Je l’accepte au bout de quelque temps, je suis sereine, sans pou­voir néan­moins réus­sir à le dire par peur d’être jugée et de don­ner l’impression de n’entrer dans aucune case. J’ai eu peu de rela­tions avec des femmes, donc j’ai par­fois l’impression de ne pas avoir le droit de reven­di­quer ma bisexua­li­té. Je ne me sens pas légi­time, alors que je me consi­dère comme une mili­tante de la cause LGBTQIA+. Je suis comme à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté.

Aujourd’hui, j’ai réus­si à le dire à plu­sieurs amis, dont mes cou­sines. Celle dont je suis la plus proche a cru que je rigo­lais. On était un peu saoules au moment de mon coming out. On n’en parle pas sou­vent, mais au moins elle le sait. Mon copain, avec qui je suis depuis Malte, est éga­le­ment au cou­rant. Je lui ai confié assez tôt. On en dis­cute libre­ment, il est très ouvert d’esprit. Je me demande néan­moins si ce n’est pas parce que les mecs voient les meufs bisexuelles comme “cool”. Je ne sais pas si c’est une chose dont il est conscient, mais par exemple, il n’est pas du tout jaloux quand je dis que je trouve une fille belle. Ce qui n’est pas le cas avec les gar­çons. Je me contiens un peu pour ne pas l’inquiéter. Je crois qu’il a peur que je le quitte pour essayer, car il sait aus­si que je souffre de ne pas avoir eu d’expériences avec l’autre genre. Mais on n’est pas en couple libre, donc la ques­tion ne se pose pas pour moi.

Mes parents et cer­tains proches ne sont pas au cou­rant de ma bisexua­li­té, mais je ne le cache plus tant que ça en fin de compte. Cela peut m’arriver de dire cer­taines choses devant mes cou­sines, d’avoir des réflexions qui dénotent mon orien­ta­tion sexuelle. Mais elles ne relèvent pas for­cé­ment. Toute cette situa­tion reste ambi­guë, ce qui est dif­fi­cile à vivre. De l’extérieur, on ne se dit pas que je suis bisexuelle, per­sonne ne se pose la ques­tion. J’ai ce qu’on appelle un straight pas­sing. C’est une posi­tion confor­ta­ble, je ne suis pas dis­cri­mi­née, mais je me sens un peu cou­pable. En atten­dant, je fais des petits pas. Et j’espère, un jour, pou­voir être tota­le­ment transparente.”

À lire aus­si I La vio­lence à l’encontre des LGBTQIA+ au plus haut en Europe

Emma, 27 ans

“Je prends conscience de ma bisexua­li­té vers mes 8 ans. À la fin de mon ado­les­cence, je suis out, mais j’ai sur­tout rela­tion­né avec des hommes cis-​hétéros. Mes copains blaguent un peu sur ma bisexua­li­té sans la com­prendre, par exemple en criant ‘GOUDOU GOUDOU GOUDOU’ en me voyant dans la cour du lycée. Cela me fait rire jaune, mais je rigole quand même avec eux, par peur d’être exclue. 

J’ai eu ma pre­mière copine à 19 ans. Lesbienne, elle a beau­coup de mal avec mon orien­ta­tion sexuelle. Je me prends régu­liè­re­ment des “sale hété­ro” de sa part, ce qu’elle consi­dère comme de l’humour, mais me fait beau­coup de mal. À ce moment, ça fait déjà quelques années qu’on me chambre plus ou moins gen­ti­ment. Je n’ai même pas 20 ans et je me sens extrê­me­ment seule, sans com­mu­nau­té, sans per­sonne qui pour réel­le­ment com­prendre ce que je vis. Je déve­loppe un TCA et je deviens rapi­de­ment accro aux anxiolytiques.

Je change ensuite de ville pour mes études et je ren­contre de nou­velles per­sonnes. Je me mets en couple avec un mec cis-​hétéro. Je reste deux ans avec lui. Rapidement, mon orien­ta­tion est hyper sexua­li­sée : ma bisexua­li­té devient un pré­texte pour des plans à trois à gogo, dont je n’ai pas envie, mais pour les­quels je me force par peur de la trom­pe­rie. Nous ne rela­tion­nons qu’avec des femmes hété­ros, qui n’étaient soit pas atti­rées par moi mais par mon par­te­naire, soit par ‘l’expérience’. Ce qui est très insul­tant et sup­prime com­plè­te­ment mon iden­ti­té : je ne suis pas une expé­rience mais bien un être humain avec des sen­ti­ments et des pré­fé­rences. Ce n’est pas parce que je suis bi que je suis atti­rée par tout le monde, ni que je veux for­cé­ment avoir des rap­ports sexuels avec des per­sonnes de genres dif­fé­rents en même temps. Cette rela­tion consti­tue deux ans de vio­lences psy­cho­lo­giques, qui deviennent par­fois phy­siques, deux ans de trom­pe­ries, deux ans hor­ribles dont je sors meurtrie.

Après un pas­sage foi­reux chez un psy­cho­logue – qui estime que mon atti­rance pour les femmes vient de mes trau­mas avec les hommes –, je suis aujourd’hui en couple avec une femme. Notre rela­tion, qui se passe bien, dure depuis deux ans et demi. Je me sens enfin très heu­reuse. Même si, elle aus­si, bla­guait au début sur ma bisexua­li­té, en me disant que j’étais les­bienne. Depuis un an, j’éduque mon entou­rage à ces ques­tions : je leur fais écou­ter des pod­casts, leur rap­pelle que la bisexua­li­té existe, leur explique ma manière de voir cette orien­ta­tion sexuelle… J’essaye tout sim­ple­ment de faire en sorte que l’on n’oublie plus les per­sonnes bisexuelles.”

  1. Le pré­nom a été modi­fié[]
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