Suivie par 252 000 personnes sur Instagram, l’influenceuse parentalité et mère célibataire assume une flemme généralisée, déculpabilisante et bienvenue sur la plateforme des mères parfaites.
En préambule, une confidence. Elle a été de ces mères-là. De ces mères parfaites qui ont décidé qu’elles excelleraient dans leur maternité, faisant grandir des chérubins épanouis et modèles sans renoncer à performer le féminin en elles, les mains manucurées agrippées à la poussette. De ces mères parfaites qui, quitte à se mettre elles-mêmes la pression, ont aussi toujours la petite réflexion aux lèvres sur comment font les autres, le jugement prêt à dégainer, parce qu’elles, elles savent mieux. Sur le compte Instagram d’Élodie Da Silva, cette figure très agaçante qui ne s’embarrasse pas de sororité a pris la forme de “la copine Jessica”.
Jessica – et ici, on demandera pardon aux Jessica qui n’ont pas forcément envie d’être mêlées à ça –, “c’est un mix entre toutes ces mamans insupportables que j’ai pu rencontrer et de la maman insupportable que j’ai été les six premiers mois de mon fils. J’étais du genre à prendre une petite moue pour dire “ah, toi t’as que des jouets en plastique… Les miens sont en bois. C’est mieux le bois, Montessori de préférence”.
Pas merci Rachida Dati
Jessica repentie, Élodie Da Silva, 35 ans, a fait sien le terrain de jeu préféré des Jessica convaincues : sur Instagram, 252 000 personnes suivent cette influenceuse parentalité qui réalise de courtes vidéos dans lesquelles, comme beaucoup d’autres, elle met en scène avec humour ses difficultés de daronne et propose des bons plans pour occuper la marmaille, la nourrir ou la faire dormir. Mais sa singularité tient plutôt aux vidéos dans lesquelles elle vulgarise des concepts éducatifs et des études sur le développement cognitif des bébés avec un mot d’ordre : déculpabiliser les mères.
Sur @EvenEtMoi, du nom de son fils de quatre 4 ans, on trouve donc des vidéos expliquant pourquoi “Tata Ginette” (un autre perso presque aussi crispant que celui de la copine Jessica) n’a pas forcément raison lorsqu’elle rabâche aux jeunes mères de ne pas trop porter leur bébé, de le laisser pleurer ou encore de ne pas le laisser faire des “caprices”. “À la naissance d’Even, j’ai beaucoup été en guerre avec certains membres de ma famille sur toutes ces injonctions qui n’ont pas forcément de fondement, se souvient-elle. J’entendais “laisse-le pleurer, ça fait les poumons” et je menais mes propres recherches pour vérifier ce qu’il en était. Rapidement, je me suis dit qu’il fallait que je transmette aux autres mères toutes ces infos très objectives, qu’on trouve dans des tas d’études souvent rédigées en anglais, et l’idée d’ouvrir un compte Instagram m’est venue.”
Se lancer dans le grand bain de l’influence parentalité et opérer un virage à 180 degrés avec sa vie d’avant, c’est aussi pour Élodie Da Silva une quête de sens. La jeune femme, qui a bossé en tant que consultante dans une grande boîte d’informatique avant de reprendre les sociétés de production musicales de son père, s’était envisagée durant sa grossesse comme une “Rachida Dati, de retour au travail quelques jours après l’accouchement”. “Mais mon corps me dit non, tout simplement”, raconte celle qui faisait des marathons et se découvre des limites physiques après l’accouchement. Surtout, ses certitudes sur l’équilibre boulot-vie de mère s’effondrent. “J’ai fait un post-partum très colérique, contre ce monde qui n’était pas adapté parce que j’avais à la fois envie de travailler et de m’occuper de mon fils.” Comme de nombreuses mères “qui ont beau être préparées”, Élodie Da Silva découvre l’immense chamboulement que provoque l’arrivée d’un nouveau-né dans sa vie, traverse une période “très isolée”, décide de se réinventer et lance son compte Instagram en mars 2020 en plein[…]