Une question de môme embarrassante ? Des éléments de réponse, à destination des parents et… de leurs marmots.
1. Enfants en vacances, parents en galère
S’il y a un sujet qui fait causer les adultes, c’est bien les vacances ! Parce que eux aussi les attendent avec impatience. Le truc, c’est qu’on n’a pas la chance d’avoir deux mois de liberté : la plupart des adultes ont cinq semaines de congés par an, c’est tout. Alors forcément, on vous envie un peu. Et surtout, vous faire garder pendant qu’on travaille n’est pas toujours une mince affaire. Par exemple, l’année dernière, 55 % des parents disaient qu’il était « difficile de trouver des solutions de garde » l’été*. Pour certain·es, il y a les grands-parents (dans 69 % des cas), mais pour les autres, il reste, au mieux, la colo ou le centre aéré. Sauf que, pour 76 % des parents, ça représente des dépenses « importantes » à « prévoir à l’avance ». Pas étonnant, donc, que pour 41 %, ces vacances d’été soient trop longues…
* Étude Harris Interactive pour l’Observatoire Cetelem, juillet 2018.
2. Une vieille tradition
C’est vrai qu’on peut se poser la question : pourquoi il y a des « grandes vacances » l’été ? « Ça remonte aux XVIe et XVIIe siècles, car c’était le moment où les tribunaux et les écoles fermaient, où on libérait les gens qui travaillaient dans certaines branches d’activité (chez les artisans, par exemple), pour qu’ils puissent retourner à la campagne aider la famille pour les récoltes, qui s’étalent de juillet à septembre », raconte le sociologue et ethnologue Jean-Didier Urbain, qui a notamment écrit Les Vacances (2002). Et dès le XIXe siècle, « avec l’instauration de l’école laïque obligatoire, les grandes vacances apparaissent véritablement comme un moment particulier, qui clôt un cycle d’enseignement », poursuit-il. Même si, aujourd’hui, les enfants ne travaillent plus aux champs, les « grandes vacances » restent un héritage de notre histoire rurale.
3. La France championne ?
Je ne sais pas si vous avez « trop de vacances », mais ce qui est sûr, c’est que vous n’êtes pas les seul·es à faire une longue coupure l’été. En Europe, la palme revient à l’Italie avec quatorze semaines. Viennent ensuite le Portugal et l’Espagne (douze semaines), puis la Suède et la Pologne (dix semaines). En Allemagne, aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne, les enfants se contentent de six semaines. En fait, les petit·es Français·es sont plutôt dans la norme avec leurs huit semaines ! Mais si l’on prend toutes les périodes de vacances confondues, il faut bien admettre que vous êtes plutôt en haut de l’échelle. « En France, le nombre de semaines d’enseignement est peu élevé, trente-cinq semaines […]. La moyenne des pays se situe autour de trente-sept à trente-huit semaines », notait ainsi la Revue internationale d’éducation de Sèvres, en 2011. Mais ça ne veut pas dire que vous travaillez moins : au contraire, si vous avez autant de vacances, c’est parce que vous avez des journées plus chargées. Dans les pays de l’OCDE, les 7–14 ans passent en moyenne 6 777 heures à l’école, et « la France est l’un des pays où le nombre d’heures est le plus important (7 773 heures) ». Normal d’avoir besoin de souffler un peu !
4. Et ailleurs, c’est comment ?
Si les petit·es Français·es sont en vacances en juillet-août, ce n’est pas le cas partout. En Australie, les congés d’été ont lieu en décembre-janvier : on fête donc Noël pendant les grandes vacances, en mode barbecue sur la plage. Au Japon, elles sont plutôt studieuses : nombre de jeunes Nippon·es suivent des cours complémentaires, quand ils ne font pas des activités sportives ou artistiques. Une tendance plus marquée en Corée du Sud avec des « camps scolaires » et des « camps de vacances » militaires, où les enfants apprennent à être au garde-à-vous. Rien à voir avec les vacances des petit·es Russes, qui sont nombreux·ses à rester à la maison ou à aller dans la datcha, la traditionnelle maison de campagne familiale.
5. Une bouffée d’air essentielle
Bien sûr, je te mentirais si je te disais que tout le monde profite des grandes vacances de la même façon, surtout quand on sait qu’en France, un enfant sur trois ne part pas. Mais, dans l’imaginaire collectif, ces vacances-là ont quand même une saveur particulière : celle des retrouvailles. « C’est un moment familial, national et plutôt casanier, durant lequel on cherche à recréer du lien », observe Jean-Didier Urbain. Et c’est d’autant plus vrai quand on vit en ville. « Ce n’est pas un hasard si le tourisme est né en Angleterre et qu’il s’est développé ensuite en Occident à partir des sociétés urbaines, réputées pour être des agglomérations humaines sans lien social. » Le soleil, la mer, oui… mais ce qu’on aime le plus dans les grandes vacances, c’est se ressourcer auprès des siens.