L’entraîneur d’Angers a finalement démissionné de son poste après avoir déclaré dimanche « c’est pas méchant, on a tous déjà touché des filles » pour motiver l’un de ses joueurs, poursuivi pour agression sexuelle. Il continuera cependant d’exercer des fonctions au sein du club angevin.
Ah la causerie d’avant match. Ce moment clé où l’entraîneur·euse s’affaire à mettre ses joueur·euses dans les meilleures conditions. L’enjeu est de taille car on le sait, l’art de la parole n’est pas donné à tout le monde. Et sûrement pas à Abdel Bouhazama. Dimanche après-midi, alors que ses joueurs se préparent à affronter Montpellier sur la pelouse de la Ligue 1, l’entraîneur du club de football d’Angers (SCO) s’attèle à remonter le moral de ses troupes. L’exercice est périlleux, l’équipe angevine, dernière du classement, n’est pas franchement au meilleur de sa forme. Abdel Bouhazama choisit donc de les motiver en optant pour un bon vieux discours viriliste. Il prend la défense d’un joueur, Ilyes Chetti. Pas n’importe quel joueur : le défenseur du club est suspecté d’avoir commis des attouchements sur une jeune femme lors d’une soirée dans une boîte de nuit angevine à la fin de l’année 2022. Les faits sont graves, il doit comparaître selon la procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité devant le tribunal d’Angers courant avril.
« C’est pas méchant, on a tous déjà touché des filles », lâche alors Bouhazama devant ses joueurs, révèle Ouest France lundi 6 mars. Les filles victimes de violences sexuelles apprécieront. Des propos choquants, premièrement démentis par l’entraîneur qui a finalement dû les confirmer auprès de L’Équipe ce mardi. Devant le tollé provoqué, Abdel Bouhazama a démissionné de son poste d’entraîneur cet après-midi.
Mais avant d’annoncer sa démission, il s’enfonce de plus belle, affirmant à L’Équipe avoir voulu « dédramatiser » la situation afin que son joueur soit opérationnel pour le match. On n’est pas spécialiste en tactique footballistique, mais peut-être que la meilleure option aurait été de faire remplacer Ilyes Chetti pour ce match – et les prochains jusqu’à son passage devant le tribunal d’Angers ? Mais c’est un autre sujet. Surtout que la technique hasardeuse de l’entraîneur n’a même pas porté ses fruits : Angers a pris cinq buts sur la pelouse de Montpellier lundi soir. Mais là non plus, ce n’est pas le sujet.
La fameuse goujaterie
Reste que le SCO a ensuite continué sa descente vers l’indécence. Lorsque le directeur de la communication du club, Mohammed Sifaoui, contacté par l’AFP, s’est par exemple essayé à de vaseuses justifications : « Les propos en question appréciés de manière décontextualisée sont inacceptables et condamnables mais analysés dans leur contexte de causerie d’avant-match, ils relèvent plus d’une maladresse et d’une goujaterie ». Ah, elle a vraiment bon dos, cette causerie d’avant match.
Et arrêtons-nous un instant sur cette fameuse « goujaterie » dont parle Mohammed Sifaoui. Selon le Larousse, un goujat est un homme grossier, mal élevé, manquant totalement de savoir-vivre. On pourrait donc le dire d’un homme qui rote à table, qui laisse ses chaussettes trainer ou encore qui ne laisse pas passer mémé à la caisse du supermarché. Mais certainement pas, en 2023 après les dizaines de #MeToo, d’un homme qui banalise les violences sexuelles faites aux femmes et aux filles. Les mots ont un sens messieurs, même dans les causeries d’avant match.
Pomme pourrie, club pourri
« Devant la pression médiatique et pour préserver l’image du club et la sérénité du vestiaire, Abdel Bouhazama a annoncé au président Saïd Chabane qu’il avait décidé de quitter sa fonction », a annoncé le club dans un communiqué ce mardi rapporte Le Parisien. Hélas pour le club, son image était déjà bien écornée avant la sortie de route de Bouhazama. Il semblerait en effet que le club d’Angers soit pourri jusqu’au trognon question violences sexistes et sexuelles.
Son président, Saïd Chabane est par exemple poursuivi depuis 2020 pour agressions sexuelles aggravées après des accusations de six femmes qui étaient salariées au moment des faits. Il sera jugé pour ces faits qu’il conteste en juin prochain devant le tribunal correctionnel d’Angers. En 2020, un autre joueur du club, l’attaquant Farid El Melali a lui été condamné pour exhibition sexuelle et est toujours titulaire aujourd’hui. Espérons donc que la démission de l’entraîneur soit la pomme qui fasse enfin tomber la branche.
L’espoir fait vivre car au moment de boucler cet article, nous apprenons par RMC Sport que Bouhazama va continuer d’exercer des fonctions au sein du club angevin. Finalement un peu comme Le Graët déchu de la Fédération Française de Football (FFF) mais relégué à la FIFA.