À Paris, comme dans de nombreuses villes européennes, plusieurs rassemblements de soutien aux familles LGBT+ en Italie se sont tenus face aux menaces que fait peser sur elles le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni.
En France, en Belgique ou au Portugal, le mot italien solidarieta (solidarité, en français) a fortement résonné, ces derniers jours. À l’initiative du réseau EuroCentralAsian Lesbian* Community (EL*C), plusieurs rassemblements de soutien aux familles LGBT+ en Italie se sont tenus un peu partout en Europe, face aux menaces que fait peser sur elles le gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni : dans certaines villes italiennes, notamment à Padoue, la justice a été saisie pour statuer sur les actes de naissance d’enfants né.es au sein de couples lesbiens, afin d’effacer le nom de la mère non biologique.
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À Paris, le rendez-vous était initialement donné vendredi 28 juillet, devant l’ambassade d’Italie, rue de Varenne. Mais en raison de la proximité de Matignon, situé à quelques numéros de là, aucun rassemblement ne peut s’y tenir. Le lieu de protestation avait donc été déplacé de quelques mètres, au croisement du boulevard des Invalides et de la rue de Varenne. Mais certaines personnes n’avaient visiblement pas eu le mémo et se sont retrouvées au niveau de l’ambassade, avant d’être priées par les forces de l’ordre, parfois avec insistance, de partir. Sous des trombes d’eau et dans une légère confusion, une centaine de manifestant·es, pancartes et drapeaux arc-en-ciel à la main, ont tout de même réussi à se retrouver.
« Nous sommes en lien avec des femmes touchées par ce qu’il se passe en Italie, nous récoltons des témoignages. Mais il n’y en a pas beaucoup qui ont envie de témoigner publiquement. Elles sont terrorisées », explique Silvia Casalino, co-fondatrice de l’EL*C. « Celles qui ont réussi à enregistrer leurs enfants ou qui ont la possibilité de changer leur statut actuel ne veulent rien dire parce que ça peut aggraver leur situation, ajoute-t-elle. J’ai une amie italienne lesbienne présente au rassemblement. Elle n’a pas souhaité prendre la parole ou être prise en photo, parce qu’elle avait peur que ça ait des répercussions sur son enfant. »
« Donner un coup de boost et envoyer du courage »
« Tout ce qu’il se passe en Italie nous affecte et inquiète beaucoup », confie Louise, une jeune femme queer de 27 ans. « Les post-fascistes sont au pouvoir, cela rappelle les heures les plus sombres de l’histoire. J’ai peur que des situations similaires arrivent en France », poursuit-elle. Federica, sa copine, une Italienne de 32 ans, acquiesce à ses côtés. Elle se souvient, pendant la campagne de Giorgia Meloni, des attaques répétées contre les minorités. « Tout ce qu’on craignait est en train de se passer », souffle-t-elle.
« L’idée de ce rassemblement est de donner un coup de boost aux activistes LGBT+ italiens, de leur envoyer du courage et de leur dire qu’on est avec eux », glisse Alice Coffin, conseillère de Paris, présente sous la pluie avec les manifestant·es, soulignant que ce qui arrive est « assez terrifiant ». « On voit exactement les mêmes mécanismes en Pologne ou en Hongrie, avec des initiatives prises pour faire de la communauté LGBT+ un bouc émissaire, poursuit-elle. Certains pays font des annonces législatives qui , pour certaines, ne tiennent pas la route juridiquement, mais qui permettent d’alimenter un discours de haine. Aux États-Unis, ils ne cessent aussi de se focaliser sur la question trans. Il y a donc un écho en France, une peur que cela arrive. »
Julia Torlet, responsable au sein de l’association SOS Homophobie, abonde : « On est parfaitement conscients et conscientes que ce qui se passe en Italie, ça peut aussi arriver en France. L’Italie est un pays frontalier, un pays voisin, de l’Union européenne. » Malgré tout, selon elle, un mouvement de solidarité et de contestation « monte », à la croisée de plusieurs combats. En témoigne la diversité des profils et des luttes au rassemblement parisien : pour les droits des femmes, des LGBT, des racisé·es et des personnes en situation de handicap.
Solidarité à l’international
Vendredi, en plus de Paris, des rassemblements ont également eu lieu en France à Marseille et Nice. En Europe, des militant·es se sont aussi réunie·es à Bruxelles, Lisbonne, Alicante et Porto. Mercredi prochain, le 2 aout, deux rendez-vous sont donnés à Lyon, devant le consulat italien, et à Londres, devant l’ambassade italienne.
D’autres mouvements de protestation devraient à coup sûr suivre face au détricotage actuel des droits des familles arc-en-ciel, comme sont surnommées les familles italiennes homoparentales. Car, en ce moment, le Parlement étudie un projet de loi visant à faire de la gestation pour autrui (GPA) à l’étranger un « délit universel », sous l’impulsion du parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia. La chambre des député·es a approuvé le texte la semaine dernière et le Sénat devrait bientôt se pencher dessus.
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Encore un coup porté à la communauté LGBT+, qui montre néanmoins, avec ces rassemblements, sa solidarité et sa ténacité à l’international. Qu’il fasse soleil, qu’il vente ou qu’il tombe des trombes d’eau, elle n’a pas dit son dernier mot.