L’association féministe allemande Terre des femmes a lancé, début avril, un affichage percutant derrière les bustes en bronze féminin dont les seins ont été oxydés à force que des mains se posent dessus.
“Le harcèlement sexuel laisse des traces”, peut-on lire, en allemand, sur une pancarte s’affichant derrière trois statues disposées dans l’espace public de différentes villes allemandes. La Femme du Rhin, sujet d’une fontaine de Berlin, Juliette Capulet à Brême, et La Jeunesse à Munich : ces bronzes représentant des bustes de femmes nus ont été choisis, début avril, par l’association féministe allemande Terre des femmes pour dénoncer les agressions sexuelles. Et pour cause : contrairement au reste de l’œuvre toujours de la couleur marron foncé caractéristique du bronze, les seins de ces statues ont oxydé et viré au jaune, gardant ainsi les stigmates du passage intempestif, depuis des décennies, de mains baladeuses à ces endroits.
L’association, qui lutte contre les violences faites aux femmes, a accompagné son affichage d’une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux dans laquelle les statues se mettent à parler pour dénoncer la culture du viol que démontre l’oxydation de leurs seins. “Ça illustre concrètement ce que vivent les femmes au quotidien”, a expliqué à BFM TV Sina Tonk, porte-parole de Terre des femmes. “Si ces expériences traumatisantes ne laissent pas de traces visibles comme les décolorations des statues, elles laissent bel et bien des marques invisibles, a ajouté la militante. C’est ça qu’on voulait mettre en avant.”
Molly et Dalida #EllesAussi
Début mars, c’est cette fois en Irlande que l’artiste Tilly Cripwell, musicienne ambulante de Dublin, a dénoncé le sort fait par les touristes harceleurs de rue à la statue de Molly Malone, personnage fictif de la culture irlandaise. “Leave Molly mAlone” (“laissez Molly tranquille”), a‑t-elle lancé dans un jeu de mots et en chanson pour sauver les seins de cette poissonnière à la dure vie et décédée d’une forte fièvre.
La France n’est pas épargnée non plus par ces gestes rigolards singeant les agressions sexuelles. à Montmartre, la poitrine du buste de Dalida est, elle aussi, devenue jaune à force d’être tripotée. La nouvelle couleur de la lutte féministe ?