Dans Nos absentes. À l’origine des féminicides, à la fois enquête et récit personnel, Laurène Daycard explore avec minutie le processus du féminicide. Nourri de témoignages de femmes « survivantes » ou de familles endeuillées, de chiffres et de réflexions de spécialistes, son livre est devenu une référence pour cette catégorie de crime.
Impossible pour Causette de consacrer ce hors-série aux « faits divers » sans aborder le sujet du féminicide. Car précisément, après qu’il ait fait les beaux jours de cette rubrique morbide, il est important qu’on l’en distingue désormais. Depuis des années, la journaliste Laurène Daycard enquête sur les crimes conjugaux et travaille dans ce sens, pour démontrer qu’ils dépassent de loin cette catégorie par leur caractère systémique et révélateur des choix politiques d’une société tout entière.
Causette : Pour quelles raisons ne peut-on plus aujourd’hui classer les féminicides dans la catégorie « faits divers » ?
Laurène Daycard : Parce qu’un fait divers, comme son nom l’indique, c’est un fait – en l’occurrence un meurtre – isolé. Or les féminicides, perpétrés dans un contextes intrafamilial ou non intime, sont des crimes systémiques, genrés, produits dans et à cause d’un contexte patriarcal. On distingue d’ailleurs des récurrences dans le processus qui y mène.
C’est l’une des autres particularités du féminicide par rapport aux faits divers meurtriers : ils répondent à un schéma systémique…
L. D. : En effet, ce qu’on peut aujourd’hui qualifier de « crime de possession » s’inscrit très souvent dans un scénario de contrôle conjugal, ou de contrôle coercitif. Un[…]