Troisième épisode d’une série de chroniques de l’association féministe Politiqu’elles publiées sur Causette.fr, qui, toutes les deux semaines, décrypte les programmes des candidat·es à l’élection présidentielle en matière de droits des femmes. Aujourd’hui, focus sur la santé des femmes.
La santé fait partie des premières préoccupations des Françaises et Français en vue des prochaines élections, juste après le pouvoir d’achat selon un sondage Sopra Steria réalisé pour France Inter en janvier 2022. La santé des femmes désigne un sous-ensemble de la santé de la population incluant toutes les affections qui concernent habituellement ou de façon différenciée les femmes (maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité des femmes, certains cancers, l’ostéoporose, l’anémie, etc), mais aussi les sujets liés à la médecine de la reproduction, qui reste encore largement à la charge des femmes, ainsi que les comportements et les inégalités de traitements induisant des conséquences spécifiques sur la santé des femmes (violences domestiques, moindre accès à certains soins ou à l’éducation, etc).
Le champ de la santé n’est évidemment pas exempt d’inégalités entre les femmes et les hommes. Bien que leur espérance de vie soit plus longue, les femmes vivent proportionnellement en moins bonne santé que les hommes avec un besoin plus récurrent aux soins selon l’OMS. En 2016, l’Académie de médecine alertait sur le fait que les femmes étaient jusqu’à deux fois plus sujettes aux effets secondaires des médicaments que les hommes entraînant “un coût humain et financier exorbitant”. Ce n’est que depuis très récemment que la prise en compte du genre est institutionnalisée dans les politiques de santé. Par exemple en France, le Comité d’éthique de l’Inserm s’est doté seulement en 2013 du groupe de travail Genre et recherche en santé.
Cette crise a aussi exacerbé des dysfonctionnements du système de santé qui ont été particulièrement défavorables pour la santé des femmes. Le confinement a drastiquement réduit l’activité médicale dans des territoires ruraux et ultramarins où l’offre de soins était déjà inadaptée. Le renoncement aux soins par les femmes s’est également accentué : 64% des femmes déclarent avoir renoncé à un acte médical dont elles avaient besoin, contre 53% des hommes selon une étude de l’Assurance Maladie. L’accès des femmes à leurs droits reproductifs et sexuels fut également entravé avec pour exemple des dépassements subis et récurrents du délai de recours à l’IVG. Le Planning Familial rapportait pendant le premier confinement que les signalements de difficultés liées à l’IVG ou la contraception ont augmenté de 320 % par rapport à la même période de 2019. En plus des difficultés rencontrées par les femmes pendant cette période, une étude du CESE intitulée « Droits sexuels et reproductifs en Europe : entre menaces et progrès » montrait déjà avant la pandémie l’existence d’un écart entre la loi et la pratique en matière de droits sexuels dû à des facteurs culturels mais aussi la pauvreté de l’offre de soins.
Alors qu’en 2017, ce terme était quasiment absent du débat, la santé des femmes est présentée comme une priorité par plusieurs candidates et candidats à l’élection présidentielle, à droite comme à gauche. Cette nouvelle visibilité et prise de conscience est-elle gage d’ambition ? Nous analysons ci-dessous les principales mesures annoncées dans les programmes des prétendantes et prétendants à l’Elysée en 2022.
De gauche à droite, des positions dichotomiques en matière de droits sexuels et reproductifs
L’approche en termes de droits reproductifs et sexuels est le thème relatif à la santé des femmes le plus clivant entre candidates et candidats. Le 23 février dernier, l’Assemblée nationale a adopté définitivement le 23 février dernier la proposition de loi sur l’allongement du délai de l’IVG de 12 à 14 semaines portée par la députée Albane Gaillot. Une avancée majeure pour les droits des femmes et leur santé, défendues par les organisations de santé et associations féministes depuis plusieurs années. Le débat autour de cet allongement permet d’établir plusieurs catégories de candidates et candidats. Le président sortant, nouvellement candidat à sa succession, s’était déclaré dans une interview dans ELLE défavorable, à titre personnel, à l’allongement à 14 semaines du délai de recours à l’IVG, bien que le groupe parlementaire majoritaire ait finalement voté en faveur de l’adoption de la loi Gaillot. Valérie Pécresse, Nicolas Dupont Aignan et Marine Le Pen se sont également opposés à cette réforme. Eric Zemmour à quant à lui clairement signifié sa volonté de revenir sur cette loi s’il arrivait au pouvoir.
A gauche, on relève un soutien général à cet allongement avec des propositions pour aller plus loin. Yannick Jadot, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon proposent ainsi de constitutionnaliser le droit l’IVG et affiche une ambition européenne pour garantir ce droit au niveau de l’UE. Anne Hidalgo, Philippe Poutou, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon se sont également exprimés pour la suppression de la clause de double conscience, disposition qui n’avait pas pu être maintenue dans la loi Gaillot. Tout comme le candidat écologiste, Roussel souhaite ouvrir aux sages-femmes la possibilité de réaliser des IVG (avec formation et rémunération en conséquence), mesure également supprimée de la proposition de loi initiale de la députée Albane Gaillot. Philippe Poutou défend quant à lui un investissement massif pour garantir l’accès à l’IVG pendant un délai prolongé à 24 semaines. Jean-Luc Mélenchon comme Fabien Roussel proposent la gratuité totale de l’avortement.
En France, la procréation médicalement assistée (PMA) est autorisée aux couples formés de deux femmes et aux femmes célibataires depuis la promulgation de la dernière loi de bioéthique en 2021. Plus de 7 000 projets de PMA pour des femmes seules ou des couples lesbiens ont ainsi été comptabilisés depuis la publication du décret d’application de septembre 2021 selon le ministre de la Santé Olivier Véran. Certains candidats se sont exprimés sur la question. Jean-Luc Mélenchon et Phillippe Poutou reconnaissent ainsi le droit à l’accès PMA pour toutes les femmes et affichent la volonté d’ouvir la possibilité d’y avoir recours aux personnes transgenres. Ce dernier candidat se positionne pour un remboursement intégral de tout le parcours de PMA, et l’autorisation de la méthode ROPA qui est une technique exclusive des couples lesbiens où une des mères est donneuse de l’ovocyte et l’autre porteuse. A l’extrême inverse, le candidat du parti Reconquête souhaite mettre fin à la PMA pour les femmes seules et les couples de femmes.
Du point de vue de la contraception, le gouvernement Macron a mis en place la gratuité de certains moyens de contraception pour les jeunes filles de moins de 25 ans. Il s’agit d’une étape importante pour améliorer la santé des jeunes femmes bien que l’on puisse regretter que certains modes de contraception soient exclus du dispositif tels que les moyens de contraception masculins. Des associations réclament également des efforts supplémentaires en termes de prévention et de connaissance des moyens de contraceptions, notamment chez les jeunes. Dans ce contexte, Anne Hidalgo, Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel affirment vouloir répondre à ces manques en défendant un remboursement total de tous les moyens de contraception sans limite d’âge. Roussel développe un discours intéressant pour une meilleure répartition de la charge mentale de la contraception en proposant un soutien de la contraception masculine de la part de l’Etat, notamment via des campagnes de communication sur la contraception masculine et le financement de la recherche à ce sujet.
Enfin, la précarité menstruelle est également un sujet d’attention pour plusieurs des candidates et candidats à l’élection. Dans le cadre des auditions de Politiqu’elles des différentes équipes de campagne, Florence Portelli, porte-parole de Valérie Pécresse, rapportait que la candidate républicaine en ferait une “cause importante” et qu’elle baissera la TVA sur les protections hygiéniques appliquant le taux super réduit de 2.2%, tout en défendant la fin du tabou culturel autour des règles. Fabien Roussel entend rendre gratuites les protections hygiéniques afin de lutter contre la précarité menstruelle et les rendre disponibles dans tous les lieux et établissements publics grâce à des distributeurs. Du côté du candidat sortant, le gouvernement d’Emmanuel Macron a particulièrement investi le sujet ces cinq dernières années. Récemment, le ministre de la Santé, Olivier Véran, et la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, ont annoncé une hausse du budget consacré à la lutte contre la précarité menstruelle, passant de 1 à 5 millions d’euros.
Affections spécifiques aux femmes : seule l’endométriose est traitée par certain·es prétendant·es à l’Elysée
La fin de mandat a été marquée par une mesure significative pour la santé des femmes : le lancement d’une stratégie de lutte nationale contre l’endométriose. L’objectif principal est de développer la recherche sur cette maladie en débloquant des fonds et ceci à toutes les échelles. Enfin, Emmanuel Macron a énoncé la volonté de “développer ce qu’on pourrait appeler un ‘réflexe endométriose’ auprès de tous les publics : à l’école, à l’université, à la maison, au bureau, et même, et surtout dirais-je, dans les milieux médicaux”. On peut néanmoins relever la reconnaissance tardive de cet enjeu pour les femmes dans l’agenda gouvernemental. Il n’est pas prévu que l’endométriose soit reconnue comme affection de longue durée (ALD). Le gouvernement n’a d’ailleurs pas clairement soutenu la résolution portée par la députée Clémentine Autain visant l’endométriose comme une ALD (contrairement au groupe parlementaire LREM). Les femmes souffrant de cette maladie ne peuvent donc pas bénéficier jusqu’à présent d’une prise en charge à 100% des soins, des arrêts maladie sans délai de carence et d’un aménagement du temps de travail. En réponse, plusieurs candidats et candidates abordent le sujet dans leur programme. Anne Hidalgo souhaite que l’endométriose soit reconnue comme affection de longue durée. Valérie Pécresse souhaite également mettre en place des congés spécifiques en cas de règles douloureuses ou d’endométriose.
De façon générale, le domaine de la recherche pour les maladies spécifiques aux femmes est très peu abordé par les candidates et candidats. Jean-Luc Mélenchon propose de soutenir la recherche médicale sur les maladies gynécologiques, incluant l’endométriose. Anne Hidalgo appelle à une élévation du financement de la recherche sur la santé des femmes et une meilleure inclusion de celles dans les essais cliniques. En aval de la recherche, Fabien Roussel évoque une mise en place d’un plan national pour la formation médico-sociale des professionnels de santé sur les maladies et symptômes spécifiques aux femmes.
De timides propositions en matière de lutte contre les violences faites aux femmes en lien avec leur santé
Aux marges des sujets de santé reproductive et de violences, la problématique des violences obstétricales et gynécologiques reste relativement peu mise en avant dans les programmes des candidates et candidats. Un rapport sur les violences gynécologiques et obstétricales avait été rendu à Marlène Schiappa, alors secrétaire d’Etat au Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes. Néanmoins, malgré la reconnaissance de ce type de violences, ce rapport publié en 2018 n’a pas abouti à la prise de mesures concrètes et satisfaisantes. Face à ce constat, Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot y font explicitement référence dans leurs programmes et lors de nos entretiens avec leurs équipes de campagne. Le candidat communiste propose la mise en place d’un plande lutte contre les violences gynécologiques et obstétricales. Le candidat d’EELV souhaite que la lutte contre les violences obstétricales et gynécologiques se fasse par des procédures de signalement et le strict respect de la loi.
Alors qu’au cours de sa vie, une femme sur trois dans le monde est susceptible de connaître des violences physiques et/ou sexuelles, la prise en charge des victimes demeure malheureusement un sujet relatif à la santé des femmes. Dans le contexte actuel de guerre en Ukraine, il apparait nécessaire de souligner que selon l’OMS, la santé des femmes et des filles vivant dans des zones de conflit ou qui sont contraintes de se déplacer est particulièrement mise à mal en raison des perturbations dans le fonctionnement des systèmes de santé, d’obstacles accrus pour accéder aux soins de santé et de l’utilisation du viol et d’autres formes de violence comme armes de guerre. Concernant l’accueil des victimes, le candidat Fabien Roussel propose de créer, dans chaque département, des centres psycho-traumatiques avec un accueil médico-judiciaire. Cette proposition de centre d’accueil départemental est également préconisée par Jean-Luc Mélenchon. Le candidat Philippe Poutou souhaite également mettre en place des moyens pour accueillir les femmes victimes de violences et la régularisation de toutes les sans-papiers, l’asile pour les femmes victimes de violences, l’accès immédiat aux soins pour toutes.
Des propositions de réformes du système de santé pouvant bénéficier directement aux femmes
A la lumière de la crise sanitaire, les programmes des prétendantes et prétendants à l’Elysée proposent presque tous des mesures pour renforcer les moyens du système de santé et des hôpitaux. La question de la lutte contre les déserts médicaux est particulièrement récurrente or ceux-ci touchent particulièrement les femmes, bien que les enjeux d’égalité femmes-hommes soient très peu relevés dans le design des politiques rurales jusqu’à présent. Un rapport parlementaire « Femmes dans les territoires ruraux » a été rendu en octobre 2021 à la ministre Elisabeth Moreno soulignant ce manque. Selon ce document, 13 départements en France étaient dépourvus de gynécologues et la fermeture de maternités en série a fragilisé la couverture médicale des territoires ruraux. Anne Hidalgo et Yannick Jadot mettent explicitement en avant la lutte contre les déserts médicaux comme outil d’amélioration de la santé des femmes. Macron dans son intervention du 7 mars 2022 sur le LCI « Face aux Françaises » mentionnait également la question des déserts médicaux comme un levier significatif. Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel insistent sur le sujet sur la nécessité de s’opposer à la fermeture massive de maternités en zone rurale. La candidate Marine Le Pen propose également de mettre fin de façon générale à la fermeture de maternité et de créer des incitations financières fortes contre les déserts médicaux. En matière d’accès aux soins, Anne Hidalgo entend soutenir la défense de l’hôpital public et ses services. Lors d’un entretien organisé par notre association avec son équipe de campagne, sa porte-parole Gabrielle Siry-Houari a affirmé que “les soins offerts et financés par la solidarité sont des mesures qui bénéficient aux femmes qui sont souvent plus précaires”.
La plupart des candidates et candidats appellent à la revalorisation des professionnelles et professionnels de santé, en particulier des filières féminisées mises en lumière par la crise. Valérie Pécresse souhaite ainsi augmenter les responsabilités des sages-femmes et infirmières dans le parcours de soins, en renforçant les pratiques avancées des infirmières et les délégations de tâches pour les sages-femmes. Elle propose également une revalorisation de leurs salaires, sans pour autant fournir d’indications chiffrées. Anne Hidalgo propose de porter les formations de soignants à “1 250 sages-femmes par an, 25 000 infirmiers et aides-soignantes” et la revalorisation des rémunérations et carrières pour rendre les métiers de l’hôpital attractif. Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel et Yannick souhaitent aussi engager une revalorisation des métiers de la santé en première ligne. Marine Le Pen souhaite ouvrir 10 000 places supplémentaires dans les instituts de formation en soins infirmiers et les centres de formation d’aides-soignants et créer une indemnité spécifique de 300 € mensuels pour les aidants vivant au domicile d’un proche dépendant ou l’accueillant à son domicile.
Certains candidats mettent en lumière la thématique de la santé environnementale et son lien avec la santé des femmes. Yannick Jadot et Fabien Roussel proposent ainsi de prendre en compte ce lien dans leurs politiques de santé environnementale dans la mesure les femmes exerceraient des professions parfois plus exposées à la pollution (femme de ménage, aides à domiciles, infirmières) et auraient davantage d’incitations à avoir recours dans leur quotidien à des produits chimiques dans le domaine des cosmétiques par exemple. La candidate socialiste déclare dans son programme vouloir porter une “attention particulière aux scandales environnementaux” et propose que la Sécurité sociale prenne “intégralement en charge les frais médicaux qui font suite aux catastrophes sanitaires” qui concernent beaucoup de femmes.
Un dernier sujet à relever est celui de la santé mentale. Anne Hidalgo a annoncé que ce thème serait, si elle est élue à l’élection présidentielle, la « grande cause » de son mandat. Elle souhaite particulièrement investir la question de la santé au travail avec une reconnaissance du burnout comme maladie professionnelle, phénomène touchant davantage les femmes selon certaines études. D’autre part, lors de l’entretien de notre avec l’équipe de Fabien Roussel, Hélène Bidard a souligné l’engagement du candidat contre les cyberviolences et leur analyse comme enjeux de santé publique chez les jeunes. Sachant que les jeunes filles sont davantage touchées par les phénomènes de cyberviolences selon le Centre Hubertine que les jeunes garçons, ce sujet apparaît également particulièrement liée à la santé des jeunes femmes.
Nos conclusions et ce qu’il manque à ce stade
La santé des femmes bénéficie d’une nouvelle visibilité dans le débat public. On remarque qu’il s’agit d’un sujet relativement transversal, abordé, plus ou moins directement, par tout le spectre politique.
Le quinquennat a été marqué par des avancées notables en matière de droits sexuels et reproductifs. Le rapport d’Oxfam du 3 mars 2022 sur la “grande cause du quinquennat” qualifiait d’encourageant le bilan du gouvernement en matière de droits sexuels et reproductifs. Bien entendu, certaines mesures doivent être approfondies et demeurent inachevées comme le montre l’exemple de la lutte contre l’endométriose. Il est aussi regrettable que le candidat sortant se soit à titre personnel exprimé contre l’allongement du délai de recours à l’IVG à 14 semaines, une avancée historique pourtant en matière de santé des femmes. Sur ce sujet, un clivage droite-gauche significatif émerge avec des oppositions à droite et des propositions à gauche souhaitant aller plus loin pour sécuriser l’accès à ce droit pour toutes les femmes. Ce clivage s’estompe en matière de lutte contre les déserts médicaux et renforcement des moyens du système de santé abordés dans tous les programmes, sans que soit nécessairement fait référence aux bénéfices spécifiques pour les femmes. On soulignera, en ligne avec les conclusions du rapport « Femmes et territoires ruraux », l’importance de renforcer le volet égalité femmes-hommes des politiques publiques lié à la ruralité, notamment en matière de santé. De façon générale, la santé des femmes n’est que très peu traitée par groupes différenciés (par exemple les femmes précaires, les femmes âgées mais aussi les femmes handicapées).
Les candidats d’opposition à gauche et Valérie Pécresse à droite proposent des mesures spécifiques sur la santé des femmes. Les sujets de la précarité menstruelle, de l’endométriose et à gauche, des droits sexuels et reproductifs sont les thèmes les plus évoqués dans ce cadre. Les besoins concernant la recherche et la prise en charge des affections majoritairement ou spécifiquement féminines sont très peu abordés. En dehors de Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo, il semblerait qu’à ce stade, les prétendantes et prétendants à l’élection présidentielle n’investissent pas ce thème, pourtant obstacles majeurs et historiques à la santé des femmes. Par exemple, 56% des Françaises meurent de maladies cardiovasculaires contre 46% des hommes, dont une partie du fait de mauvais diagnostic. Que ce soit dans nos échanges avec les équipes de campagne ou dans les programmes, nous n’avons pu aucune mention de cet enjeu majeur de santé publique. La prise en charge de la ménopause n’a été mentionnée que par l’équipe de campagne de Valérie Pécresse, sans mesure concrète sur le sujet. On déplore également le manque d’ambition générale au sujet des violences gynécologiques et obstétricales. Il devient urgent que les pouvoirs publics se saisissent de cet enjeu au-delà d’un simple état de fait.
Si la place des enjeux de santé est significativement importante dans les différents programmes des candidates et candidats, une analyse robuste des problématiques liées au genre fait défaut dans la plupart des programmes. Ainsi, une approche plus holistique de la question de la recherche à la prise en charge des patientes en passant par son diagnostic, devra être développée pour répondre à ces enjeux.
Cet article a été réalisé par l’association transpartisane Politiqu’elles dans le cadre du cycle de chroniques « Femmes 2022 » en partenariat avec Causette. L’association s’appuie sur l’analyse des programmes et déclarations des candidates et candidats ainsi que sur des auditions des responsables thématiques au sein des différentes de campagnes. L’équipe projet est pilotée par le binôme Sandrine Elmi Hersi et Agathe Hervey.
La présidente-fondatrice de l’association Fatima El Ouasdi, également élue LREM locale, n’a pas souhaité prendre part au projet compte tenu de ses engagements politiques actuels, afin de garantir la neutralité politique de l’analyse.
Dans un souci de transparence les membres de l’équipe du projet ont également tenu à partager leurs précédentes activités en lieu avec la politique. Agathe Hervey a été collaboratrice parlementaire d’Erwan Balanant (MODEM) jusqu’au 11 février. Sandrine Elmi Hersi a été collaboratrice de la députée Paula Forteza en 2020, ainsi que candidate lors des dernières municipales sur la liste Nouveau Paris (portée par Cédric Villani). Mathilde Lebon, également membre du projet, a participé aux primaires du parti réunionnais Banian en 2021.
Un premier rapport, “Femmes 2017”, avait été publié par l’association lors de la précédente campagne présidentielle. Plus d’infos : [email protected]