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Manisfestation du 8 mars 2019. © Gustave Deghilage

L’homme fémi­niste est-​il une grosse arnaque ?

On en parle beau­coup, mais on en ren­contre peu. Par chance, les hommes fémi­nistes sont au cœur du der­nier livre du poli­to­logue cana­dien Francis Dupuis-​Déri. Qui délivre, au pas­sage, quelques conseils à l’usage de ceux qui vou­draient pas­ser (vrai­ment) à l’action.

Causette : S’il y a bien un sujet qui sus­cite débats, incré­du­li­té, voire sar­casmes, c’est celui des hommes fémi­nistes, auquel vous consa­crez aujourd’hui un livre. Pourquoi donc vous être embar­qué dans cette galère ?
Francis Dupuis-​Déri :
En fait, j’avais déjà publié plu­sieurs textes sur cette ques­tion, dont le Petit Guide de disem­po­werment, qui se trouve à la fin du livre. Les Éditions Textuel m’ont pro­po­sé d’écrire un ouvrage sur cette thé­ma­tique, en réunis­sant et en déve­lop­pant mes écrits. Et en fai­sant ça, j’ai réa­li­sé que je m’étais fait pié­ger dans un effet de mode, parce qu’il y a beau­coup de livres qui sont récem­ment sor­tis sur cette thé­ma­tique. Je pense que c’est un effet post-#MeToo, avec des hommes qui, heu­reu­se­ment, se sont sen­tis inter­pel­lés et se sont ques­tion­nés. Et puis il y a aus­si un effet de mode média­tique : tous les trois ou quatre ans, on découvre les “nou­veaux hommes” ! Mais des hommes pro­fé­mi­nistes qui ont écrit sur le fémi­nisme, on l’a déjà vu dans les années 1970. Donc, plu­tôt qu’avoir une approche un peu “can­dide joyeuse”, j’ai essayé de réflé­chir à ce sujet à par­tir des réflexions des féministes.

Dans cet essai, vous retra­cez briè­ve­ment une his­toire mon­diale des hommes fémi­nistes. Quels ensei­gne­ments peut-​on en tirer ? 
F. D.-D. : J’ai vou­lu rap­pe­ler que les hommes pro­fé­mi­nistes ne sont pas une nou­veau­té. Au XVIIe siècle, en France, il y a eu François Poullain de la Barre. Mais aus­si Qasim Amin en Égypte [à la fin du XIXe siècle, ndlr], le roi Amir Amanullah en Afghanistan [au début du XXe siècle] ou, dans la com­mu­nau­té afro-​américaine, l’ancien esclave Frederick Douglass [au XIXe siècle] ou le pre­mier socio­logue afro-​américain, William E. B. Du Bois. C’est aus­si une façon de leur rendre hom­mage et de mon­trer que la posi­tion d’homme pro­fé­mi­niste n’est pas néces­sai­re­ment celle d’un étu­diant blanc, de bonne famille, qui serait étu­diant en socio­lo­gie à Paris 8 – pour cari­ca­tu­rer. On peut trou­ver des hommes pro­fé­mi­nistes dans n’importe quels contextes éco­no­miques, sociaux et cultu­rels. Et déjà au XIXe et au XXe siècles, ça sus­ci­tait des dis­cus­sions chez les féministes.

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Francis Dupuis-​Déri, poli­to­logue cana­dien.
© Courtoisie Remue-​ménage /​Chloé[…]

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