Niki de Saint Phalle nous quittait il y a vingt ans jour pour jour. Causette retrace sept dates clés qui ont marqué la vie et l’œuvre de ce génie féministe du XXème siècle.
Il y a vingt ans, le 21 mai 2002, s’éteignait Niki de Saint Phalle dans une chambre de l’hôpital de San Diego en Californie. Ce sont ses grandioses et chatoyantes sculptures façonnées en résine de polyester baptisées Nanas qui ont à la fois contribué à la rendre célèbre mais ont aussi conduit à son décès. L’artiste plasticienne de 71 ans était atteinte d’une maladie pulmonaire en raison de l’inhalation répétée de vapeurs toxiques provenant de ses matériaux de travail. Si Niki de Saint Phalle n’est plus depuis longtemps, elle laisse une œuvre émancipée, riche et complexe, témoin d’une vie qui l’était tout autant. Car finalement, l’œuvre la plus attrayante de l’une des artistes majeures de la seconde moitié du XXème siècle, c’est bien sa vie elle-même. Retour sur sept dates clés.
- 1942 : féministe à douze ans
« J’ai compris très tôt que les hommes avaient le pouvoir. Et ce pouvoir, je le voulais. Oui, je le volerais le feu. Je n’accepterais pas les limites que ma mère tentait d’imposer à ma vie parce que j’étais une femme. Je franchirais ces limites pour atteindre le monde des hommes qui me semblait aventureux, mystérieux, excitant. » Catherine Marie-Agnès de Saint Phalle, que sa mère surnomme Niki dès l’âge de 4 ans, écrit ces mots à la fin de sa vie.
Née en 1930 dans une famille bourgeoise franco-américaine à demi-ruinée par le krach boursier de l’année précédente, la petite fille a, très tôt, la rage de s’affranchir du carcan patriarcal familial dans lequel on enferme les femmes de son époque et notamment sa mère. « J’étais déjà féministe à l’âge de douze ans, soutient Niki de Saint-Phalle. Ma mère avait un placard où elle rangeait le linge. Un jour je lui dis “Moi je ne ferais jamais ça quand je serais grande, jamais je ne serais une mère au foyer”, elle m’a giflée. »
Dès l’enfance, Niki de Saint Phalle se refuse donc de jouer un rôle déterminé par les autres. À 19 ans, elle choisit son premier mari, l’écrivain Harry Mathews, parce qu’elle sait qu’il n’entravera pas sa destinée de femme libre. Il participe à l’éducation de leurs deux enfants ainsi qu’aux tâches ménagères – fait suffisamment rarissime à l’époque pour être souligné. Pour l’anecdote, selon les mots de Niki de Saint Phalle, sa mère « s’arrachait les cheveux de voir cela à chacune de ses visites ».
- 1953 : l’art comme thérapie
Si son mari Harry Mathews participe aux tâches et à l’éducation des enfants, la vie de famille qu’on lui impose dans les années 50 la rend littéralement dingue. À l’âge de 22 ans, Niki de Saint Phalle plonge dans une brutale[…]