Depuis plus de dix ans, elle sillonne la France – et au-delà – à la recherche<brdes meilleurs vins naturels. Grossiste, elle les vend ensuite aux cavistes et aux restaurateur·rices via son entreprise Vins et Volailles. Conteuse née, elle parle des vins avec la poésie des passionné·es. Tout en luttant sans relâche, et non sans humour, contre le sexisme du milieu.
lle parle du café comme elle parle des vins. Par images et par sensations. Quand elle vous en sert un sur la table de sa maison de poche qui « ressemble à une cabane », à Saint-Ouen, toute proche banlieue de Paris, elle dit de lui : « C’est un café qui fait la roue d’un point de vue aromatique. Comme un paon. » Et, soudain, les couleurs flamboyantes se déploient dans votre palais. Elle s’intéresse depuis peu à ce savoureux breuvage : « C’est un produit fermenté, comme le vin », rappelle-t-elle. Quand elle parle du macabeu, un vin blanc sec créé par Michaël Georget, viticulteur à Laroque-des-Albères, dans les Pyrénées-Orientales, elle déroule avec la même poésie : « Un goût de foin frais et de plume. Un peu doux, gras, et comme si tu sentais le relief de peau de l’agrume dans ton nez. » On ne sait pas vous, mais nous, on y est.
Et de poursuivre : « Michaël, c’est un bonhomme tout petit avec une tête de Gitan. Il a grandi dans une caravane et, à 11 ans, fasciné par son voisin qui cultivait, il s’est rendu compte qu’il voulait faire du vin. Il a appris avec lui. Aujourd’hui, son savoir est colossal et sa sensibilité, totale. » Fleur Godart parle des vins qu’elle aime avec une sensualité et une gourmandise communicatives. Et raconte l’histoire de celles et ceux qui les élaborent avec un sens certain du détail et de la mise en scène. « Pour chaque bouteille, elle a un storytelling de ouf ! Du coup, tu ne bois pas les vins de la même façon. On sait qui l’a fabriqué et avec quel amour ! Sa sélection est hyper intéressante. On sent des vins très vivants, à son image », décrit le comédien et militant Océan, bon ami de Fleur.
Jongler avec les aléas
Derrière ces crus, il y a par exemple François Saint-Lô, à Berrie, dans la Vienne, qui avec ses quinze potes « qui ont tous et toutes des têtes de punks à chiens du G20 » a retapé une cave troglodytique laissée à l’abandon où il confectionne désormais son vin. « François, il fait des cerfs-volants avec du cabernet franc. » Encore une punchline godartienne ! Fleur peut aussi passer des heures à vous raconter les trésors d’inventivité déployés par les un·es et les autres pour composer avec les aléas de la nature (champignons, insectes, météo) sans utiliser de produits chimiques. C’est le principe du vin naturel – avec celui de n’ajouter ni intrant ni sulfite au cours de la vinification.
Il y a aussi Mélanie et Mickaël Völker, du domaine 2NaturKinder, en Allemagne, qui vivent en heureuse colocation avec les chauves-souris installées en nombre dans leur cabanon de vignes : « Au départ, ils ne savaient pas quoi en faire et puis ils ont considéré qu’elles étaient fort utiles puisqu’elles mangeaient l’équivalent de leur poids en insectes en vingt-quatre[…]