Le 17 mai, un professeur de français remplaçant dans le lycée privé catholique de Saint-Louis de Crest, dans la Drôme, a proposé à ses élèves de poser nu·es et de se prendre en photo afin de poster ces images sur les réseaux sociaux en soutien à la Palestine. Le mis en cause est visé par une enquête préliminaire pour “tentative de corruption de mineurs”.
Mais quelle mouche a donc piqué Martin Gardey de Soos ? Ce professeur remplaçant dans un lycée privé catholique de la Drôme a fait, le 17 mai, une proposition pour le moins incongrue à ses élèves : poser nu·es afin de se prendre en photo pour ensuite poster ces images sur les réseaux sociaux, en soutien à la Palestine. Le lien entre la tâche tout à fait honorable de vouloir sensibiliser ses élèves aux conflits en cours dans le monde et le moyen totalement inapproprié et répréhensible utilisé pour y arriver a fait bondir dans le lycée et largement au-delà. Depuis, le principal concerné tente de s’en justifier dans les médias, comme dans cette interview au Dauphiné libéré dans laquelle il explique avoir voulu “démontrer la fragilité, la vulnérabilité de l’humain et défendre la paix”. Peace and nude, pourrait-on dire.
“Un élève a levé la main, et moi aussi”
Selon le récit du professeur visiblement coincé dans les 70s’, où l’on croyait au pouvoir des fleurs (et des feuilles de vigne), il aurait initialement voulu “pousser la réflexion sur la Pentecôte” notamment en “proposant une action en solidarité avec la Palestine”, rapporte Libération. Martin Gardey de Soos aurait ainsi entendu différentes propositions d’élèves dont une émanant d’un lycéen qui aurait proposé “qu’ils pourraient tous s’embrasser”, ce qu’il aurait refusé. Jusqu’ici tout va bien… C’est lors de la proposition suivante que les choses dérapent. En effet, un autre élève aurait alors suggéré qu’ils et elles “fassent une photo dénudé[·e]s”, idée à laquelle le professeur aurait alors acquiescé avant d’interroger sa classe : “Qui serait prêt à le faire ?” “Et là un élève a levé la main, et moi aussi”, poursuit-il auprès du Dauphiné libéré. Les élèves auraient alors manifesté leurs mécontentements et le professeur y aurait donc renoncé.
Une initiative “artistique et politique”
Revenant sur les faits pour Libération, Martin Gardey de Soos se défend d’être “un pervers” : “Cette proposition était certes curieuse, mais bienveillante”, plaide-t-il. Et d’insister sur le fait que son initiative se voulait être “artistique et politique” et visait à faire “sauter la barrière de la pudeur pour montrer la fragilité humaine”. Le profil de l’hurluberlu, “fervent catholique, comédien et pacifiste de presque 45 ans”, comme il se décrit, ne manque pas de mordant : très engagé politiquement, il avait même tenté de se présenter aux élections présidentielles de 2017. Faute de parrainage, ce projet n’avait pas pu se concrétiser.
Après avoir reçu le signalement des faits de la part d’un élève, le directeur de l’établissement a suspendu les fonctions de l’enseignant remplaçant. Dans un sursaut de lucidité, ce dernier a confié à Libération penser “que la page de l’éducation nationale se tourne pour [lui]”. Une enquête préliminaire pour “tentative de corruption de mineurs” a été ouverte, a annoncé, mardi 21 mai, le procureur de la République de Valence, Laurent de Caigny. Hippie, c’est tout.