Nouveau record historique !… Mais bien triste. En 2022, 5,3 millions de vols en jets privés ont eu lieu, selon un rapport rédigé conjointement par le club d’ultrariches des Patriotic Millionaires et le think tank Institute for Policy Studies. Et entre 2000 et 2022, la vente de jets privés a augmenté de… 133% ! Non, vous ne rêvez pas. Et accrochez vous à vos sièges, zone de turbulence en approche : toujours selon le rapport, la vente de ces avions privés devrait atteindre encore un nouveau record cette année. Ceci n’est pas une blague.
Mais pas de stress, un vol à bord d’un de ces aéronefs ne rejette environ que 10 fois plus de CO2 dans l’air qu’un vol en avion de ligne. Parce que si un jet privé, de par sa taille, consomme évidemment moins de carburant qu’un avion de ligne parcourant la même distance, il transporte également beaucoup moins de passagers (de l’ordre de 150 places dans un A320, contre 7,4 places disponibles sur la moyenne des cinq jets les plus populaires), précise Libération. Et heureusement, selon l’Association européenne des vols d’affaires, ils ne représentent que « 2 % des émissions de l’aviation civile, qui elle-même est responsable de 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit 0,04 % des émissions mondiales ». Ouf, on a encore eu de la chance.
Et qui est à l’origine de ce problème ? Les ultrariches, bien sûr. Selon le rapport, la fortune médiane d’un·e propriétaire de jet privé est de 190 millions de dollars. Iels représentent 0,0008 % de la population mondiale. Autrement dit, une mini-minorité ultraprivilégiée et pourtant ultrapolluante. Étonné·es ? Pas nous… Et le mépris continue. Selon Libération, aux États-Unis, où l’on trouve de fervents défenseur·ses du jet privé, le plus grand lobbyiste, la National Business Aviation Association ne dépense en moyenne « que » 2,4 millions de dollars par an depuis 2008 pour faire pression sur le gouvernement fédéral.
Le grand champion en la matière est… Bingo, Elon Musk. Le multimilliardaire, propriétaire de Twitter, fondateur de Tesla et de SpaceX, est présenté comme « l’utilisateur de jet privé le plus actif aux Etats-Unis ». L’an dernier, il s’est offert un nouveau jet, a effectué environ 171 vols, dont un qui n’a duré que six minutes, et a contribué à la consommation de plus de 800 000 litres de carburant. De fait, il a produit 2 112 tonnes d’émissions de CO2 rien qu’en 2022. C’est 132 fois plus que l’empreinte carbone moyenne d’un habitant des Etats-Unis. Mais après tout, c’est quoi un vol en jet privé, à côté des décollages dévastateur d’une fusée ?
En avril dernier, sous l’impulsion du député EELV Julien Bayou, qui avait fait une proposition de loi pour interdire les vols en jets privés, le débat avait atterri sur les bancs de l’Assemblée nationale. Mais l’aile droite de l’hémicycle a retoqué en chœur la proposition. Retour à la case départ. Échec et mat pour l’environnement.