Sur le papier, il y avait de quoi être fier·ère : le 1er janvier 2022, la France devenait le
premier pays à prohiber l’exportation de pesticides dont l’usage est interdit en Europe. Une décision censée nous aligner sur nos principes : si nous ne voulons plus que les produits phytosanitaires toxiques empoisonnent nos sols, on ne peut plus tolérer de vendre ces mêmes produits à d’autres.
Las ! Selon un rapport de l’ONG suisse Public Eye et de la britannique Unearthed (rattachée à Greenpeace) publié le 30 novembre et dévoilé par Le Monde, notre pays a trouvé les failles dans sa propre loi pour continuer à exporter en masse ces fongicides, insecticides et herbicides dangereux pour la santé humaine. Il faut dire que… l’interdiction prévue dans la loi sur l’alimentation de 2018 était mal faite. Elle s’applique aux produits phytosanitaires « contenant » des substances non autorisées en Europe mais pas aux substances actives en elles-mêmes. « Aussi, les industriels peuvent en toute légalité continuer à exporter des produits interdits sous forme pure, signale Le Monde. Et ils ne s’en privent pas. » Étonnant !
Un exemple : la firme américaine Corteva, qui produit en France, a pu exporter « près de 3 000 tonnes de picoxystrobine, un fongicide interdit en Europe depuis 2017 », notamment au Brésil, pour assurer le rendement des cultures de soja : 85 % du volume de ce fongicide présent au Brésil est encore exporté de France, précise Le Monde. Pour parfaire le tableau, le quotidien du soir nous apprend également que, pour éviter de voir leurs produits interdits par l’Union européenne, les fabricants préfèrent ne pas demander de renouvellement d’autorisation de mise sur le marché européen quand celle-ci arrive à terme et qu’ils craignent que le produit soit interdit à cette occasion. De cette façon, ils renoncent au marché européen mais peuvent continuer à écouler leur mauvaise came produite en France à l’étranger.
Interrogé par Le Monde, le ministre de l’Agriculture renvoie la balle à l’Union européenne… qui a retiré l’étude de cette interdiction de son programme de travail pour 2023, « sous la pression des lobbys de l’agrochimie », précise Le Monde. En
attendant, on compte sur vous : mangez bio et faites votre compost !