L’agriculture intensive aura obtenu gain de cause face au risque accrue de sécheresse en Espagne. On aurait presque pu croire à un canular si le Parlement régional andalou, majoritairement à droite, n’était pas très sérieux dans sa démarche. Alors que le plus grand parc naturel espagnol, le Doñana à l’embouchure du Guadalquivir, qui se situe en Andalousie (Espagne), est bord d’une pénurie d’eau, les parlementaires andalou ont signé son arrêt de mort mercredi 12 avril. À croire que le réchauffement climatique n’est qu’un vaste concept, les politicien·nes ont voté une loi, selon El Pais, qui permet aux agriculteur·rices de pomper la nappe phréatique du parc et donc d’assécher encore plus la zone.
Merci les parlementaires, vous venez de donner un blanc-seing aux exploitant·es agricoles qui se servaient déjà illégalement avec des puits clandestins dans la nappe phréatique du parc andalou. Si la loi entre en vigueur, 1500 hectares utilisés pour la culture intensive de fraises et de fruits rouges pourront seront irrigués avec de l’eau puisée en bordure du parc national. Pourtant… Ce n’est comme si depuis vingt ans déjà, les ravages de la sécheresse avaient fait reculer de moitié la superficie des lagunes du parc. Les eaux superficielles disparaissent, les zones humides laissent place aux sols craquelés et la fragilité du lieu se fait de plus en plus évidente. Mais comme on ne fait pas attendre les fraises, la future loi passera par la voie rapide pour entrer en vigueur avant l’été. Ce serait dommage de craindre qu’il n’y ait plus une goutte d’eau !
Avertie de cette… Catastrophe, la Commission européenne a haussé le ton et menacé l’Espagne de lourdes sanctions si la loi entrait en vigueur. Il faut dire que le parc de Doñana, ce petit paradis qui fait partie du réseau européen Natura 2000 et du patrimoine mondial de l’Unesco, n’est après tout « que » l’habitat du lynx ibérique et le lieu d’escale de 6 millions d’oiseaux lors de leurs migrations entre l’Europe et l’Afrique.
Mais qu’est-ce qui peut bien être plus important qu’un désastre environnemental ? La politique bien sûr .… Le 28 mai prochain se tiennent les élections municipales et régionales en Espagne, avant les législatives prévues en fin d’année. Et dans cette course électorale, une chose est sûre, c’est que les dirigeant·es locaux sont applaudi·es par les agriculteur·rices satisfait·es de voir leur activité légalisée. « Ce n’est pas de l’ignorance, c’est de la mauvaise foi », s’est insurgée la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, jugeant la manœuvre clientéliste, d’après Les Echos.
Une rencontre entre le gouvernement andalou et le cabinet du commissaire européen à I’Environnement, Virginijus Sinkevicius, est quand même prévue le 3 mai prochain pour expliquer la proposition controversée… Voire arrogante de l’Andalousie, précise Euractiv. La guérilla électorale, elle, ne devrait être que de courte durée puisque, selon les scientifiques de la station biologique de Doñana, il n’y aura bientôt plus d’eau pour aucune fraise. Adieu l’or rouge !