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© Zeke Tucker / Unsplash

Au Canada, les Premières Nations dénoncent l’échec de la lutte contre les vio­lences faites aux femmes autochtones

Le Canada a échoué dans sa lutte contre les violences faites aux femmes autochtones, qualifiée de “génocide” par une enquête nationale il y a cinq ans, a déploré lundi Cindy Woodhouse Nepinak, la cheffe de l’Assemblée des Premières Nations du pays.

Une gifle faite à la souffrance des familles canadiennes autochtones pleurant l’une des leurs. Lundi 3 juin, la cheffe de l’Assemblée des Premières Nations (APN) du Canada a affirmé que le pays avait échoué à protéger les femmes autochtones des féminicides et violences de genre systémiques qu’elles subissent. Seules 2 des 231 recommandations du rapport publié il y a cinq ans et évoquant un “génocide” ont été mises en place, précise l’APN.

“C’est difficile de voir de tels résultats aujourd’hui”, a déclaré Cindy Woodhouse Nepinak, lors d’une conférence de presse à Ottawa, ajoutant que pour la majorité des demandes, “peu, voire aucun progrès” n’a été observé. “Cet échec n’est pas acceptable pour notre peuple. J’espère qu’il ne l’est pas non plus pour les autres Canadiens”, a-t-elle souligné, appelant à “plus de volonté politique”.

De son côté, le gouvernement fédéral s’est défendu en soutenant que “des progrès” avaient été réalisés pour les trois quarts des recommandations (environ 160 sur 215), sans toutefois donner plus de détails. “Nous savons qu’il s’agit d’un effort générationnel, qui ne se fera pas du jour au lendemain”, a déclaré le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, ajoutant que le gouvernement est confronté à une “résistance institutionnelle au changement”.

Racines colonialistes

En 2019, après deux années d’enquête, une commission nationale a qualifié de “génocide” les milliers de meurtres et disparitions de femmes membres des Premières Nations (Dene, Mohawks, Ojibway, Cris et Algonquins…) au Canada. Ces femmes autochtones font face à un niveau de violence disproportionnellement élevé en raison des “actions et inactions de l’État qui trouvent leurs racines dans le colonialisme” et “une présomption de supériorité”, avait conclu la commission. En réponse, le Premier ministre, Justin Trudeau, avait promis un “véritable changement”.

Malgré cela, “les meurtres et la violence n’ont pas cessé”, a déploré Cindy Woodhouse Nepinak. L’inaction est la conséquence “du racisme qui existe dans ce pays”, a affirmé Sheldon Kent, également membre de l’APN et autochtone originaire du Manitoba (centre). “Nous devons agir collectivement” pour changer, a-t-il ajouté.

Parmi les mesures promises par le gouvernement de Justin Trudeau figurent l’augmentation des dépenses consacrées à la culture et à la santé des autochtones, l’octroi aux communautés d’un plus grand contrôle sur les services sociaux et la création d’un groupe de travail chargé d’enquêter sur les meurtres non élucidés.

Lire aussi l Canada : un accord historique d’indemnisation pour les enfants autochtones et leurs familles

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