La sanction prise contre le député RN Grégoire de Fournas à l’Assemblée à la suite de ses propos racistes ne doit pas faire oublier que le Rassemblement national ne voit aucun inconvénient à laisser des migrant·es se noyer en Méditerranée.
ÉDITO. « Je ne pensais pas entendre un jour ces mots au sein de l’Assemblée nationale. Mais le racisme nous rattrape toujours, même dans les lieux les plus prestigieux de la République. » Ces mots sont ceux du député LFI Carlos Martens Bilongo, publiés dans un communiqué, après avoir subi une interpellation raciste du député RN Grégoire de Fournas jeudi 3 novembre.
« Qu’il retourne en Afrique », a vociféré le député de Gironde, selon les greffes de l’Assemblée qui ont retranscris les échanges, à l’adresse du député du Val‑d’Oise qui posait une question au gouvernement portant sur l’aide de notre pays au bateau de SOS Méditerranée. Dans une ligne de défense qui montre à quel point, ces dernières années, l’extrême droite a réussi à repousser les limites de l’acceptable, de Fournas assure qu’il a crié « Qu’ils retournent en Afrique », pour parler des migrant·es que SOS Méditerranée secourt en mer.
D’autres médias l’ont dit avant nous : cela ne change rien à l’affaire. En parlant au singulier, le député RN tient des propos racistes directement à l’encontre de Carlos Martens Bilongo – par ailleurs né en France. En parlant au pluriel, de Fournas fait preuve de xénophobie et d’inhumanité, et ce n’est pas plus reluisant. Quelle ignominie que de proposer que ces personnes secourues de la noyade par l’association SOS Méditerranée soient renvoyées en Afrique, d’où elles ne viennent pas forcément.
Ce n’est pas la première sortie indécente des élu·es RN sur le sujet. Lundi 31 octobre, la députée des Alpes-Maritime Alexandra Masson avait ainsi déclaré à la tribune : « Non, la Société nationale de sauvetage en mer [SNSM] n’a pas vocation à devenir SOS Méditerranée. Son but premier est de sauver des vies en mer et non d’aller y chercher toujours plus de migrants. » Comprenez : que la SNSM sauve des marins français·es, oui, mais qu’elle aide l’ONG à secourir des migrant·es, non. Une vision séparatiste de notre humanité commune, sommes toutes.
Les représentant·es de la République ont choisi de laver l’affront fait au député Bilongo en votant, vendredi 4 novembre, l’exclusion de de Fournas pendant quinze jours, c’est-à-dire la sanction la plus sévère. Nous pouvons aller collectivement plus loin. Pour combattre le RN et son projet de hiérarchisation de la valeur des vies humaines, notre responsabilité est d’apporter notre soutien aux actions de SOS Méditerranée. Car si ces débats ont lieu, c’est qu’actuellement, le navire de l’ONG, l’Ocean Viking, demande l’aide de la France, de l’Espagne et de la Grèce pour trouver un port sûr pour débarquer 234 migrant·es qu’il vient de sauver. Parmi eux, une quarantaine d’enfants. SOS Méditerranée demande à la France d’appuyer ses demandes à Malte et à l’Italie de lui faire accéder à un port pour débarquer les personnes, alors que les ressources sur l’Ocean Viking viennent à manquer et que les conditions en mer pourraient s’avérer très difficiles ce week-end. Pour rappel, les dons à SOS Méditerranée sont défiscalisés.