Son premier livre, inspiré de sa propre expérience d’éducatrice spécialisée, traitait de l’accueil des jeunes migrant·es. Ce jeudi, Rozenn Le Berre en publie un second, Sur la crête, tiré de son immersion dans un foyer pour jeunes délinquants et avec lesquels elle a réalisé une longue marche dans les Alpes.
Elle a appris à savourer les petites victoires. La dernière en date, c’est une montée des marches. Pas à Cannes, mais au foyer de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) où elle anime des ateliers d’écriture, après avoir lutté pendant deux mois pour intéresser les jeunes résidents à son activité. La semaine dernière, les deux derniers réfractaires ont finalement monté les marches jusqu’à la salle commune du foyer. Ils se sont assis face à elle, ont pris un stylo et ont écrit quelques mots. Le visage de Rozenn Le Berre s’illumine au souvenir de cet épisode : « Dans ces moments-là, je sais que je suis au bon endroit. »
Depuis trois ans, la journaliste et écrivaine lilloise de 34 ans, ex-éducatrice spécialisée, anime des ateliers d’écriture (avec l’association le Labo des histoires) dans ce foyer du nord de la France où sont accueillis de jeunes auteurs de faits de délinquance sous mandat judiciaire. Des adolescents aux vies cabossées, semées d’abandons et de violences, toujours sur le fil entre la colère et la vulnérabilité. À l’été 2021, elle a suivi trois d’entre eux et leurs éducateurs dans une longue marche de dix jours dans les Alpes. Cette expérience et son immersion dans le foyer ont inspiré son second livre, Sur la crête. Du foyer de justice aux sommets des Alpes, qui sort le 11 mai aux éditions La Découverte.
Désemparée
L’envie d’écrire un livre sur ces jeunes lui est venue dès son tout premier atelier dans ce foyer : « Une catastrophe ! » Aujourd’hui, elle en rit, mais, sur le moment, elle est désemparée. « C’est l’hiver, il fait moche, on est dans une salle qui résonne… Et on ne[…]