À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, mardi 28 mai, l’association Règles élémentaires et le Fondaction du Football s’associent pour mettre fin au tabou des règles dans le football. En dévoilant leur enquête “J’ai mes règles, je fais du foot”, les deux organismes lancent leur action de sensibilisation sur les menstruations auprès des clubs.
En ce 28 mai, Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, l’association Règles élémentaires et le Fondaction du Football (instance caritative rattachée à la Fédération française de football) publie leur enquête exclusive “J’ai mes règles, je fais du foot”, qui lance leur grand plan de sensibilisation quant aux menstruations dans le football. Les chiffres révélés par cette enquête, menée auprès de 622 licenciées âgées de 11 à 18 ans, révèlent l’inégalité qu’instaurent les menstruations dans le football. Ainsi, près de 40% des joueuses ont déjà dû manquer un match à cause de leurs règles.
Un manque de sensibilisation
À la question “Pensez-vous qu’il existe assez d’informations sur les liens entre sport et règles ?”, près de 80 % des sondées répondent par la négative et un tiers d’entre elles n’ont jamais participé à un temps d’information sur le sujet des règles. Pourtant, pour près de 70 % de celles qui ont pu bénéficier d’une sensibilisation concernant les menstruations, elle s’est avérée plutôt, voire très utile. “Le club, espace collectif où le fonctionnement du corps humain est sans cesse mobilisé et questionné, est un espace clé dans cette éducation menstruelle. En effet, parler des règles avant qu’elles arrivent, dans le cadre sportif, permet de comprendre comment le corps fonctionne en général, mais aussi les liens entre règles et performance. Parler des règles permet aussi de réduire le stress lié à l’inconnu et, surtout, de se rendre compte que c’est une expérience partagée”, rappellent ainsi les structures à l’origine de l’étude.
La gêne menstruelle : conséquence du tabou autour des règles
L’étude aborde ensuite le problème du tabou autour des règles et de ses conséquences directes sur les performances des sportives. Pour près de 40% des répondantes, le sujet des règles est tabou dans le sport et près d’une joueuse sur deux ne sent pas à l’aise pour en parler dans son club. Résultats des courses : 75% des répondantes se sentent parfois stressées quand elles se rendent à un entraînement pendant leurs règles et 20% d’entre elles sont stressées à chaque cycle. 22% des répondantes ont déjà manqué un entraînement par peur d’avoir une tâche de sang sur leurs vêtements et 6% par peur des moqueries. Ce tabou devient donc discriminant et entrave la progression des jeunes sportives.
À cela s’ajoutent les conséquences très concrètes des règles sur les performances physiques des jeunes joueuses. En effet, sept répondantes sur dix ont déjà eu le sentiment d’être moins performantes à l’entraînement ou en match à cause de leurs règles et sept joueuses sur dix ont déjà manqué un entraînement à cause de douleurs menstruelles.
Changer les règles
Alors que la discipline tend à se féminiser, notamment depuis l’accueil de la Coupe du monde féminine en France en 2019, la persévérance du tabou des règles doit cesser pour les auteur·rices de l’étude. “Pour garantir le maintien des personnes menstruées dans la pratique du football et accélérer sa féminisation, il va nous falloir, collectivement (fédérations, clubs, associations, spécialistes de santé, pouvoirs publics, financeurs) redoubler d’efforts, d’attention et d’écoute. Il nous faudra trouver les ressources pour faire de tous les clubs des espaces #règlesfriendly, c’est-à-dire des espaces où chacun·e, indépendamment de son genre, pourra expérimenter pleinement ce qui est au cœur du football et, plus largement, au cœur du sport : la passion du jeu, le dépassement de soi, la confiance, collective et individuelle”, concluent Règles élémentaires et la Fondaction du football.
Pour cela, les deux structures ont mis en place des actions de sensibilisation au sein de trois clubs de foot pilotes : formations pour les équipes encadrantes et les coachs, ateliers de sensibilisation pour les jeunes joueur·euses. Succès au rendez-vous pour les jeunes concerné·es. “Je trouve que ça a été un petit plus pour nous. Et franchement, ça nous a permis aussi de sensibiliser toute l’équipe ainsi que le coach et c’est une très bonne chose ! leur intervention a été bénéfique pour moi, pour mon équipe, et pour mon coach”, explique Chiraz, une jeune joueuse du club Lyon La Duchère, citée par l’étude.
Lire aussi l Foot : l’Olympique lyonnais condamné pour “discrimination sexuelle”